Les conséquences du streaming sur la production de carbone restent ignorées par Netflix.

Conséquences du streaming : un engagement de Netflix à moitié vert

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Récemment, l’énorme entreprise américaine Netflix a fièrement annoncé qu’elle allait beaucoup réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Cependant, en ne comptabilisant pas les conséquences du streaming de ses abonnés. Par conséquent, son annonce semble très bancale.

La neutralité carbone, vraiment ?

Les conséquences du streaming sur la production de carbone restent ignorées par Netflix, dans son récent engagement vert.

Les conséquences du streaming sur la production de carbone restent ignorées par Netflix, dans son récent engagement vert.

Dans les prochaines années, avec son programme Net Zero + Nature, Netflix a décidé d’atteindre la neutralité carbone. Un choix écologique que le groupe vient d’annoncer sur son site officiel. Ainsi, il compte obtenir ce résultat en réduisant fortement ses émissions de gaz à effet de serre. Actuellement liées à la production de ses contenus. Dans ce but, Netflix s’est engagé à réduire à court terme ses émissions directes et indirectes de carbone. Cela, à hauteur de près de la moitié.

En parallèle, le groupe s’engage aussi à contribuer au développement de sites capables de générer du carbone. Par exemple, des forêts tropicales ou des mangroves. Cette démarche vertueuse, présentée comme très volontaire, devrait respecter, entre autres, les engagements pris par l’Accord de Paris sur le Climat. Cependant, à y regarder de plus près, Netflix n’inclue pas dans son programme les conséquences du streaming. Or, celles-ci jouent un rôle croissant dans la production actuelle des gaz à effet de serre.

Conséquences du streaming : un engagement trop partiel

A ce jour, Netflix explique qu’il ne prendra en compte dans sa démarche écologique que le CO2 produit par son utilisation des réseaux. Cela, pour héberger ses contenus dans le Cloud, puis pour les diffuser via Open Connect. Cependant, la plateforme considère qu’elle n’est pas responsable des effets engendrés par le streaming de ses abonnés. En précisant clairement « Nous n’incluons pas les émissions provenant de la transmission Internet ou des appareils électroniques que nos membres utilisent pour regarder Netflix. » Par conséquent, dans ce domaine, l’entreprise américaine se défausse sur les fabricants d’appareils et les fournisseurs d’accès au Web. Un procédé très commode, pour les tenir seuls responsables des émissions de CO2 générées.

Un calcul contestable

Cet argument, qui présente l’entreprise Netflix comme n’étant pas impliquée dans les émissions de carbone dues au streaming, est nettement contestable. Pour preuve, certains experts écologistes considèrent que Netflix se place ainsi en porte-à-faux avec le standard environnemental ISO14040:2006. En effet, celui-ci est aujourd’hui le seul valide au niveau international. Or, il sert à mesurer les impacts réels d’une production de CO2. Il faut savoir que cette mesure comporte une caractéristique majeure. Celle de considérer que des calculs fiables doivent comptabiliser les effets engendrés par la production des appareils, mais AUSSI ceux de leurs usages. Par conséquent, dans le cas de Netflix, l’effet de serre également produit par les films regardés en streaming.

Une hausse déjà prévue

Par ailleurs, ces calculs environnementaux devraient aussi inclure la consommation des appareils que l’usage de Netflix implique. Donc, celui des box et des téléviseurs. Comme on le voit, ce calcul est très différent de celui annoncé par Netflix. Surtout, lorsqu’on sait que l’entreprise compte aujourd’hui plus de 200 millions d’abonnés dans le monde. Soit, environ le quart du trafic Internet en France. De plus, ce pourcentage n’est que provisoire. Et il devrait rapidement croître. Peut-être jusqu’à atteindre un jour près de 80 % du trafic global d’Internet. Avec d’inévitables conséquences du streaming sur le poids de la production de carbone mondiale.



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Né à Paris le 12 Décembre 1981, Pierre Baron est un journaliste français. En 1999, à tout juste 19 ans, il débute une carrière de journaliste à News-York sur la chaîne spécialisée en économie Bloomberg TV. Il rejoint BFM TV dès son lancement en 2005 et anime des émissions sur la chaîne d'info en continu de 2005 à 2010. On le voit ensuite sur iTélé, entre 2011 et 2017 date à laquelle il intègre la rédaction du Bulletin des Communes qui lui confie la rubrique NTIC.


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