Partenariat avec Huawei : une méfiance européenne persistante
Pour déployer son futur réseau 5G, la France doit maintenir un partenariat avec Huawei, le géant chinois des télécoms. Cependant, mardi dernier, la décision du gouvernement britannique d’écarter toute collaboration avec l’équipementier chinois a révélé un malaise latent en Europe. Celui d’un espionnage possible. Une crainte que certains partagent également en France.
Des limitations prudentes
Preuve qu’un problème existe, Guillaume Poupard, Directeur général de l’Agence Nationale de Sécurité des Systèmes d’Information, préfère lui aussi limiter les engagements français avec le surpuissant groupe chinois. D’ailleurs, le dirigeant de l’ANSSI l’a confirmé ce dimanche, dans une interview au journal Les Echos. Il faut rappeler que, depuis 2019, l’Agence Nationale autorise ou pas les équipements nécessaires au déploiement de la 5G sur notre territoire. Désormais, certains équipements télécoms devront respecter une obligation d’autorisation préalable. Celle-ci obéissant à un principe « […] de défense et de sécurité nationale ». De plus, les matériels acceptés dans l’Hexagone n’obtiendront des autorisations que pour une durée variant entre trois et huit ans. De fait, ces limitations risquent fort d’irriter Huawei. En effet, le partenariat avec Huawei devait jouer un rôle important dans le chantier 5G de la fibre sur notre territoire.
Un enjeu clé
Concernant les réseaux mobiles, le passage de la 4G à la 5G va permettre une véritable révolution technologique. Ainsi, grâce à elle, la vitesse de transmission des données numériques sera décuplée. Avec un temps de latence nettement réduit. De plus, le nombre possible des connexions simultanées via la 5G augmentera énormément. Ce qui fera naître une foule de nouvelles possibilités. Celles-ci rejailliront autant sur le monde des loisirs que sur celui de l’industrie. Une fois ce pas franchi, ce progrès profitera notamment aux objets connectés, à la robotique, à la télémédecine et aux véhicules autonomes. Par conséquent, l’évolution prévue est majeure.
Cependant, avant de la mettre en place, les quatre opérateurs mobiles français doivent d’abord déployer un nouveau réseau d’antennes-relais. En s’associant avec des équipementiers tels qu’Ericsson ou Nokia. Pour Bouygues Telecom et SFR, un partenariat avec Huawei doit leur fournir environ la moitié de leurs futures antennes. Par conséquent, la décision de la France de limiter ce partenariat pourrait générer de fortes conséquences logistiques.
Une attitude européenne unanime
Actuellement, on observe en Europe un renforcement de la prudence à l’égard de tout partenariat avec Huawei. Cette attitude de repli, radicale en Grande-Bretagne, révèle en creux le souci d’écarter des risques éventuels d’espionnage. Une crainte motivée par l’opacité politique de Pékin. Ainsi, dans sa récente interview donnée aux Échos, Guillaume Poupard avoue sans détour « Nous disons juste que le risque n’est pas le même avec des équipementiers européens qu’avec des Non-Européens. » Or, cet aveu illustre une méfiance de nombreuses nations, très réticentes à l’idée de travailler avec la marque chinoise. Cela s’explique, entre autres, par la nécessité stratégique de protéger leurs infrastructures informatiques. Particulièrement de sites sensibles. Par exemple, sur des bases militaires. Ou encore pour faire fonctionner des centrales nucléaires.
Des représailles commerciales possibles
Pour Huawei, se priver du marché français de la 5G représenterait une perte importante. Mais si ce manque à gagner se confirmait, il pourrait entraîner de vives représailles commerciales de la part de Pékin. D’ailleurs Zhao Lijian, le porte-parole chinois, a déjà réagi. Ainsi, il a demandé à la France de « […] prendre des mesures concrètes pour mettre en place un environnement ouvert, équitable et non discriminatoire pour les entreprises […] chinoises ». Théoriquement, en février prochain, Huawei doit construire en France une usine d’antennes-relais. Si ce projet est lancé, il révèlera que le partenariat avec Huawei est finalement maintenu. Et que l’Hexagone reste conciliante.
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