« Corona bonds » : une mutualisation des dettes européennes rejetée

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« Corona bonds » : la révélation d’une Europe divisée

 

La tourmente de la pandémie de Covid-19 a démontré un manque d’unité flagrant au sein des pays européens. Notamment, avec l’absence de solidarité envers l’Italie. Pays pourtant très durement touché. Aujourd’hui, un sursaut européen commun reste toujours à définir. Cela, avant d’affronter la crise économique et sociale à venir. Celle-ci marquera sans doute le retour à la normale. A ce titre, la polémique des « corona bonds » fait figure d’exemple.

 

Une absence de coordination

La crise provoquée par le coronavirus met en lumière les difficultés de l’Union européenne pour convenir d’une stratégie commune. Résoudre ce problème au moyen d’obligations, baptisées « corona bonds », ne semble pas convenir à tout le monde. L’ancienne cassure entre les pays du Nord, réputés économes et travailleurs (Allemagne, Pays-Bas…), et ceux du Sud (Italie, Espagne, France), réputés trop dépensiers, refait surface. Ainsi, on constate les 27 membres de la zone euro ont beaucoup de mal à s’accorder. A ce jour, ils ne donnent pas l’impression de vouloir s’entendre sur une politique économique commune. D’ailleurs, la polémique soulevée par les « corona bonds » l’a démontré de façon quasi caricaturale.

Un message peu entendu

Pour lutter contre la tendance actuelle des Etats à faire cavalier seul, Emmanuel Macron tente de faire passer un message difficile. Aujourd’hui, il peine à se faire entendre. Ainsi, il a récemment affirmé « Nous ne surmonterons pas cette crise sans une solidarité européenne forte, au niveau sanitaire et budgétaire. » Une mise en garde totalement approuvée par l’ancien président de la Commission européenne, Jacques Delors, qui l’a présidée pendant dix ans. D’ailleurs, l’ancien ministre français de l’Économie a été jusqu’à qualifier ce manque d’unité européenne de « danger mortel ». Par conséquent, cela résume l’importance des enjeux en cours.

Une solution commune compromise

Pour l’instant, le dernier Conseil européen, marqué par l’attitude hostile de l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande et les Pays-Bas à une levée de fonds groupée, compromet la solution envisagée des « corona bonds ». En effet, l’idée d’ un instrument financier commun en aide aux pays les plus endettés a révélé une fracture profonde. D’ailleurs, le récent rejet exprimé par les pays du Nord a profondément exaspéré certains élus du Sud. Notamment Antonio Costa, Premier ministre portugais, et Giuseppe Conte, Premier ministre italien.

Une fracture inquiétante

Divers responsables des pays du Sud ont montré leur désaccord avec les arguments avancés par les opposants aux « corona bonds ». Pour Giuseppe Conte, ce refus est carrément « tragique ». D’ailleurs, à ses yeux, il pourrait même « […] menacer l’édifice européen tout entier, en risquant de lui faire perdre sa raison d’être. » Selon Éric-André Martin, expert de l’Institut Français des Relations Internationales, face à la récession économique qui s’annonce, il faut absolument « garder une solidarité de cohésion ». Il faudra donc « rapidement revenir aux fondamentaux de l’UE pour en sortir renforcés, et mettre de côté les divisions et les rancœurs. »



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Né à Blois le 22 novembre 1972, Thierry Dulac est un journaliste français. À tout juste 21 ans, il débute une carrière de journaliste à Londres sur la chaîne spécialisée en économie Bloomberg TV. Il rejoint BFM TV dès son lancement en 2005 et anime des émissions sur la chaîne d'info en continu de 2006 à 2009. On le voit ensuite sur iTélé, ancêtre de CNews, entre 2009 et 2011 date à laquelle il intègre le Bulletin des Communes qui lui confie la rubrique Environnement.