Réouverture de l’usine Lubrizol : même partielle, elle inquiète
Moins de trois mois après l’incendie qui a dévasté l’usine Lubrizol, à Rouen, sa remise en activité pose question. Sur place, cette réouverture est jugée par certains observateurs comme trop rapide.
Une réouverture en majorité validée
Le 10 décembre dernier, un comité des risques sanitaires a validé la réouverture de l’usine Lubrizol. Une usine classée Seveso. Cette décision inquiète de nombreux habitants de la région. Pourtant, le Comité Départemental de l’Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques a autorisé une réouverture partielle. Par conséquent, le préfet a confirmé « […] qu’il suivrait cet avis ». De fait, ce choix résulte de vingt votes favorables contre quatre opposants. A savoir, la Métropole de Rouen, l’association UFC-Que choisir, la fédération France Nature Environnement et l’Union Régionale des Médecins Libéraux. Quant au maire, il a préféré s’abstenir. Cet avis du Comité Départemental de l’Environnement a confirmé celui de la Direction Régionale de l’Environnement. De fait, cet organisme avait jugé la semaine dernière que le dossier de Lubrizol était « techniquement sérieux et crédible ».
Quels dangers pour l’environnement ?
En décembre 2019, un communiqué de la préfecture de Rouen a précisé que la réouverture de l’usine Lubrizol s’appliquerait à « deux ateliers chargés de mélanges de produits. » Par ailleurs, ce site expérimentera une « diminution du stockage de matières premières ». Cependant, cette réouverture prévoit aussi un « stockage d’antioxydants en poudre ». Or, ces matières sont classées dangereuses pour l’environnement. En effet, en format liquide, ces matières sont jugées « nocives ». A partir de ces informations préoccupantes, Christophe Bouillon, député PS de Seine-Maritime, a demandé au préfet de ne pas « confondre vitesse et précipitation ». En effet, ce député préside à l’Assemblée nationale la mission dédiée à cette catastrophe industrielle.
De réels opposants à cette réouverture
La réouverture de l’usine Lubrizol inquiète de nombreux observateurs.De son côté, le député européen David Cormand a tweeté un « Non à la réouverture de l’usine Lubrizol ». Ainsi, son avis est sans ambiguïté. Pour lui, cette « […] décision de réouverture ne prend pas en compte les risques sanitaires et environnementaux. » En clair, il considère ce feu vert partiel comme « choquant ». Une approbation due, selon lui, à un « […] pilonnage d’arguments économiques ». Des arguments énoncés pendant la réunion technique par le secrétaire du Comité Social et Economique.
Un manque de concertations
En fait, pour Guillaume Blavette, représentant la convention de reclassement au Comité Départemental de l’Environnement, « […] la discussion technique n’a pas eu lieu. » De plus, Isabelle Striga, Directrice générale de Lubrizol France, n’a même pas assisté à cette réunion. Rappelons que Lubrizol emploie 370 personnes dans la ville de Rouen. Parmi eux, 120 employés administratifs. Une activité vouée, à moyen terme, à une délocalisation en Chine selon l’association Robin des Bois.
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