Pénurie de beurre : sa rareté le rend beaucoup plus cher.
Alors que les professionnels du secteur l’annonçaient déjà depuis près d’un an, le manque de beurre se fait désormais sentir en France. Signe caractéristique : les marques de distributeurs se raréfient dans les rayons des supermarchés, au profit de produits plus onéreux.
Autre indicateur de cette crise, les boulangers ont fini par répercuter la hausse très nette du beurre sur le prix de leurs viennoiseries, avec l’accord de la Fédération des Entreprises de Boulangerie (FEB). Rappelons que cette Fédération représente en France 40.000 emplois. Pour l’instant, les consommateurs observent cette montée des prix en se demandant si leurs croissants vont continuer d’augmenter. Mais ce symbole de la gourmandise française va-t-il dépasser le seuil psychologique d’un euro ? Chez certains artisans-boulangers, c’est déjà fait.
En 20 mois, le beurre, produit alimentaire de base, essentiel à de nombreuses préparations, a enregistré une augmentation impressionnante de 172 %. Cela a entraîné une raréfaction du produit, qui se fait de plus en plus sentir dans les grandes surfaces, provoquant même parfois des ruptures de stock.
Alors qu’il était dédaigné par les nutritionnistes depuis une trentaine d’années, le beurre est redevenu un produit conseillé et apprécié. D’où une hausse de sa consommation. Les raisons qui expliquent aujourd’hui la pénurie qui le touche ne s’arrêtent pas là . Si sa consommation a fait un bond dans les pays développés, il a aussi séduit de nouveaux marchés. Notamment la Chine, qui apprécie de plus en plus et en grande quantité les viennoiseries françaises, généreusement élaborées à grand renfort de beurre.
Actuellement, cette évolution des habitudes et ce retour en grâce se font vraiment sentir, en affectant les prix pratiqués par les biscuiteries et en inquiétant les grossistes en beurre qui fournissent les industriels.
Dans les hypermarchés, le prix du beurre s’est envolé, atteignant souvent une majoration de près de 10 %. Pour mémoire, alors que sous sa forme industrielle il ne coûtait que 2.500 euros la tonne en avril 2016, il se vendait déjà à 6.800 euros la tonne en septembre. Une flambée qui s’explique par la fin des quotas laitiers, décidée il y a deux ans, qui a provoqué une surproduction. Cette dernière a fait chuter les cours, ce qui a encouragé les éleveurs à réduire leurs tonnages de lait.
Cette hausse du prix du beurre inquiète aujourd’hui tout son secteur, qui craint maintenant qu’une réelle pénurie ne s’installe. Pour y faire face, les industriels pourraient être tentés de remplacer ce produit devenu trop cher par de la margarine. Une modification qui risquerait alors de dégrader le goût de nombreuses spécialités, dont le succès est justement basé sur l’usage de ce très précieux ingrédient.