En 2022, en France, grâce au programme de numérisation des démarches administratives, 250 d’entre elles devraient se faire via Internet. Cependant, cet objectif est problématique pour Henriette Steinberg, la Secrétaire générale du Secours Populaire. En effet, ce choix risque de laisser de côté une large frange de la population. Notamment les seniors.
Un dispositif surévalué ?
Questionnée ce 12 octobre au sujet de la numérisation des démarches administratives, lors d’une interview télévisée, la Secrétaire générale du Secours Populaire a expliqué qu’elle craignait des retombées négatives. Celles-ci étant dues à un dispositif trop rapide. Notamment, parce qu’il est mis en place selon elle « […] à marche forcée ». Ce qui risque ensuite de tenir à l’écart de certaines aides sociales de très nombreuses personnes. Comme cela s’est déjà produit au plus fort de la crise sanitaire. Entre autres, parmi les travailleurs indépendants. De fait, certains se sont retrouvés exclus de tout système de soutien financier. En raison de la mise en ligne trop complexe des démarches à effectuer. Cela, à un moment où tous les services administratifs physiques étaient fermés.
Cet avertissement lancé par le Secours Populaire fait écho à celui formulé en 2018 par Jacques Toubon, qui était alors le Défenseur des droits. A l’époque, celui-ci avait mis en garde contre les « […] difficultés particulières d’accès et de maîtrise d’Internet […] » chez certains Français.
Numérisation des démarches administratives : des avancées qui ne feront pas tout
Les craintes formulées par Henriette Steinberg coïncident presque avec le récent bilan d’Amélie de Montchalin, la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques. Or, celle-ci s’est félicitée que 212 procédures essentielles puissent d’ores et déjà s’effectuer en ligne. Ce qui revient à dire que certains secteurs sont aujourd’hui intégralement dématérialisés. Parmi eux, les filières de l’agriculture, de l’alimentation, ou encore des autorités administratives indépendantes. Malgré les avancées numériques en cours, attendre de cette évolution qu’elle résolve tous les problèmes est sans doute irréaliste. D’ailleurs, il suffit d’étudier les résultats des enquêtes réalisées auprès du grand public pour constater que la satisfaction concernant les services mis en ligne reste mitigée. En clair, même si la numérisation des démarches administratives apporte des facilités indéniables, elle ne répond pas à tous les besoins. Notamment, parce qu’elle semble ignorer un problème pourtant connu : celui de l’analphabétisme numérique, aussi appelé illectronisme.
Un risque latent
Aujourd’hui, on estime que le nombre de Français qui serait mal à l’aise face à l’informatique et à ses outils serait de 13 millions. Dans les catégories les plus touchées par ces difficultés, on sait que les seniors, les personnes en situation de handicap, celles qui vivent en zones de grande ruralité et les foyers les plus précaires figurent en priorité. Depuis peu, pour ces populations fragiles face au monde numérique, le programme France Relance a prévu une enveloppe de 250 millions d’euros. Cela, afin de les faire accéder à une meilleure autonomie dans ce domaine. Néanmoins, ce dispositif ne devrait toucher que 4 millions de Français. Ce qui laissera donc 9 millions d’habitants en difficulté face aux procédures numériques. Par conséquent, cela constitue un enjeu social et économique majeur. Celui-ci pouvant entraîner à l’avenir l’isolement administratif de très nombreux citoyens.
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