Illectronisme : une forme d’exclusion silencieuse
Une récente étude de l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques sur l’illectronisme a révélé que les usages numériques restaient une difficulté en France. De fait, ce problème concerne encore une large part de la population. Or, cette gêne pratique peut entraîner une mise à l’écart.
Des exclus qu’il faut aider
Aujourd’hui, on ne doit pas sous-estimer la gêne face aux outils numériques. Car on constate quotidiennement qu’une part croissante des démarches administratives les plus courantes ont lieu en ligne. Pour mieux comprendre les difficultés de l’illectronisme, ou illettrisme digital, il faut rappeler un chiffre concernant la situation numérique des seniors. Il est parlant. En effet, actuellement, 53 % des personnes ayant plus de 75 ans n’ont pas accès à Internet à partir de leur domicile. De plus, toujours selon l’INSEE, on estime que la gêne créée par les outils numériques handicaperait environ 17 % de la population française. Pour qu’on puisse la désigner, cette forme d’illettrisme numérique a été baptisée l’illectronisme.
Une fracture numérique toujours présente
En 2019, on sait qu’environ 15 % de la population n’ont pas utilisé Internet pendant l’année. Or, les éléments constituant cet illectronisme sont connus. Principalement, ils s’expliquent par un âge avancé, un niveau d’éducation limité et des revenus trop modestes. A titre comparatif, si plus de la moitié des seniors après 75 ans n’a pas un accès direct à Internet, seulement 2 % des 15-29 ans sont dans ce cas. On retrouve aussi cette carence chez 34 % des personnes qui sont peu ou pas du tout diplômées. Alors que seulement 3 % des citoyens possédant un diplôme d’études supérieures subissent une telle situation.
L’Illectronisme touche surtout les ménages modestes
Cet écart touche également les ménages modestes, dont 16 % n’ont toujours pas Internet. Alors que juste 4 % des ménages aisés sont dans ce cas. Dans le détail, parmi les foyers pénalisés par un manque d’ordinateurs, il faut citer les couples sans enfant, les personnes qui vivent seules, et celles qui vivent dans les départements d’outre-mer.
Une compétence encore insuffisante
Globalement, on estime qu’en plus du manque d’accès à Internet sur le territoire, un internaute sur trois ne possède pas la compétence digitale de base. Cela pose problème, car savoir accéder à Internet ne signifie pas qu’on sache forcément en tirer parti. Ainsi, environ 38 % des usagers avouent ne pas bien savoir comment obtenir une information recherchée. De même, une bonne utilisation des logiciels disponibles et la capacité à résoudre certains problèmes de connexion restent obscures pour beaucoup d’internautes. De plus, selon l’étude faite par l’INSEE, la dématérialisation des démarches administratives aggrave encore cet illectronisme. Ainsi, un abandon des demandes d’aides auxquelles ont droit des personnes précaires a été observée. D’ailleurs, ce problème a récemment été souligné par Jacques Toubon, le Défenseur des Droits.
Une évaluation européenne ni pire ni meilleure
Le seul point positif de cette évaluation de l’illectronisme français, faite par l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques, est que notre niveau de connaissance digitale reste dans la moyenne constatée partout en Europe.
- Nous vous invitons à lire également notre article sur le sous équipement numérique des écoles françaises
- Le Bulletin des Communes suggère aussi de lire l’article du site Rebondir