Après plus de 40 ans d’exploitation, la centrale de Fessenheim, activée en 1977, cessera de fonctionner cette année. En effet, ses deux réacteurs nucléaires vont finalement fermer. L’un en février, l’autre en juin prochain.
La fin d’une époque
EDF vient d’envoyer à Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique, ainsi qu’à l’Autorité de Sûreté Nucléaire, la déclaration de mise à l’arrêt définitive des deux réacteurs de Fessenheim, en Alsace. Ainsi, ces deux réacteurs de première génération, d’une puissance de 900 mégawatts chacun, fermeront tour à tour, en février et juin 2020. Cette décision vient clore de multiples pourparlers, menés depuis des années entre EDF et l’Etat. De fait, le groupe EDF sera indemnisé par l’Etat d’une somme de 400 millions d’euros. Cela, en compensation de la fermeture anticipée de la plus ancienne des 19 centrales nucléaires françaises. Ce versement servira à reconvertir le site et à reclasser les 850 employés de la centrale. Par la suite, des versements complémentaires devraient avoir lieu, afin de dédommager aussi les sous-traitants. En effet, au total, la centrale de Fessenheim faisait vivre plusieurs milliers d’employés. D’ailleurs, sur les 2.300 habitants de la commune alsacienne, au moins 300 y travaillaient.
Un approvisionnement en électricité maintenu
Déjà promise par François Hollande en 2012, la fermeture de Fessenheim était attendue de longue date. Mais EDF a obtenu de nombreux reports successifs, par rapport à cette décision. Maintenant qu’elle est confirmée, la fermeture de Fessenheim pose forcément la question d’un éventuel manque d’approvisionnement en électricité dans la région. Pour apaiser toute crainte, un porte-parole de RTE, la filiale d’EDF, a récemment déclaré « Nous avons largement anticipé ces risques. » Pour cela, RTE a précisé qu’elle avait fait en sorte de « […] multiplier les interconnexions avec nos pays voisins ». Entre autres, avec l’Allemagne, « […] afin d’assurer la fourniture d’électricité dans toute la région Grand-Est. » En revanche, des risques de pénurie d’électricité pourraient survenir en Bretagne. Du fait que le réacteur à eau pressurisée de Flamanville n’est pas encore actif. Cela pourrait poser problème, en cas d’une forte demande locale, en période de grand froid. Or, la mise en service du réacteur de Flamanville n’est pas prévue avant 2022.
Les réacteurs d’Hinkley Point sur la sellette
Cette annonce de la fermeture de Fessenheim survient au moment même où Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, est très mécontent d’EDF. De fait, il reproche au groupe ses retards accumulés dans la construction de deux réacteurs à eau pressurisée, à Hinkley Point, en Angleterre. En effet, ce ralentissement entraîne des surcoûts considérables, évalués au minimum à trois milliards d’euros. Pour éclaircir le motif des échéances non tenues, le ministre a demandé « […] un audit indépendant ». De plus, il a précisé « […] qu’en fonction des conclusions, [il en] tirerait toutes les conséquences, à tous les étages. » Clairement, ce couac pourrait remettre en cause le poste de Jean-Bernard Lévy, actuellement à la tête d’EDF.
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