Démissions de médecins : une réaction pour donner l’alarme
Malheureusement, la crise de l’hôpital public se poursuit. Pour preuve, les démissions de médecins continuent. Ainsi, des médecins chefs de service, ou travaillant dans diverses structures, ont décidé de démissionner de leurs fonctions administratives. Et cela par centaines !
Fin des contacts avec l’administration
Jeudi dernier, en Seine-Saint-Denis, c’était le tour de 80 médecins chefs hospitaliers de s’exprimer par une démission. Aujourd’hui, ce mouvement contestataire porte à 600 le nombre de démissions de médecins, enregistrées en France. Cependant, il faut préciser que ces démissions, dites « administratives », ne remettent pas en cause l’activité de soins des médecins concernés. En effet, ils continuent à soigner leurs patients et à prendre des décisions avec leurs équipes. Toutefois, ils cessent d’être en contact avec l’administration.
Dénoncer une logique trop financière
En fait, ce mode de revendication veut dénoncer une logique exagérément financière. Selon les démissionnaires, cette approche trop chiffrée « a fait s’effondrer l’hôpital public ». En effet, depuis dix ans, l’administration médicale n’a pas su adapter les effectifs en place à une augmentation d’activité, pourtant évidente. Celle-ci est évaluée à environ 15 %. Or, les personnels médicaux en colère ne veulent plus qu’on leur impose une pure logique chiffrée, basée sur les recettes et les bénéfices. Cette politique du rendement provoque, notamment, des reproches sur les séjours trop longs à l’hôpital. Dans ce cas, l’administration considère que les patients « bloquent » des lits. Ainsi, ils « empêchent » d’autres patients de séjourner dans les établissements de soins.
Des dommages profonds
Lorsqu’on interroge le personnel soignant, il regrette qu’on attende surtout de lui des données financières. En effet, on ne lui parle quasiment jamais de la qualité des soins, ou de la satisfaction des patients. A force, cela engendre une profonde dégradation des conditions de travail. Doublée d’une perte de sens. Au final, cela provoque des abandons parmi les personnels, souvent épuisés, engagés sur le terrain. En plus, cette crise est encore amplifiée par les encouragements à encore réduire les dépenses au sein des hôpitaux. A terme, cet ensemble de facteurs négatifs aboutit à la situation de crise actuelle, qui provoque ces démissions de médecins.
Une nouvelle mobilisation prévue le 14 février
A l’appel des collectifs Inter-Hôpitaux et Inter-Urgences, plus de l’ensemble des syndicats hospitaliers (CGT, FO et CFDT), les personnels soignants seront à nouveau dans la rue, le 14 février prochain. Pourtant, ils avaient obtenu un entretien mi-janvier avec Agnès Buzyn, la ministre de la Santé. Celle-ci leur avait alors promis un autre rendez-vous, à la mi-mars. Mais apparemment, cela n’a pas suffi. Pourtant, d’ici là, des dizaines de milliers de soignants auront reçu des primes. Ainsi, ils auront pu vérifier que les mesures promises ont bien été appliquées. Malgré tout, les efforts de l’exécutif ne semblent pas parvenir à rétablir un climat de confiance au sein des syndicats hospitaliers. D’où ces démissions de médecins qui continuent.
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