Crise des soignants : une preuve de profonde déception
A ce jour, la crise des soignants n’a pas été calmée par les récentes annonces faites par le Premier ministre, le 20 novembre dernier. Pour preuve, de nombreux chefs de services hospitaliers, excédés par le mutisme de l’exécutif face à leurs demandes urgentes d’entrevue, ont lancé un appel général à la démission collective.
Une phase très critique
A ce jour, la crise des soignants a atteint une phase très critique. Cela s’explique par le fait que la filière hospitalière est convaincue de ne pas avoir de réelle importance aux yeux du Gouvernement. Pourtant, sur le terrain, les besoins des hôpitaux sont immenses. Ainsi, des établissements clés comme Robert-Debré ou l’hôpital Necker se plaignent de ne plus pouvoir fournir de soins normaux à leurs patients. Entre autres, à cause d’un manque de lits, d’infirmières et de moyens. Or, comme chaque année, les épidémies hivernales nécessitent d’être prises en charge. Alors, pour forcer l’exécutif à réagir, les médecins ont décidé d’assumer un rôle actif de lanceurs d’alerte. Pour cela, ils ont fait un choix radical : lancer un « appel à la démission collective ». Son but : atteindre au moins un total de 1.000 signatures pour la date d’aujourd’hui.
Un refus massif
Ainsi, face à une situation devenue intenable, la communauté médicale a décidé d’exprimer la crise des soignants en affirmant « On ne peut pas continuer à cautionner le système. » Après avoir essayé la mobilisation dans la rue, l’arrêt de la facturation des soins, le personnel hospitalier ne voit plus à présent comme ultime recours que de démissionner. Tout en s’interdisant de faire la grève des soins, puisque son éthique l’interdit. Par conséquent, il se trouve à présent dans une situation bancale. Celle-ci étant de continuer à travailler, pour ne pas abandonner les patients, tout en refusant de cautionner un système, car il ne les écoute pas. D’après de nombreux chefs de service, ce mouvement devrait créer « beaucoup d’émoi ». Surtout si le personnel mettait sa menace de démission collective à exécution. Malgré tout, ce choix reste un crève-coeur pour beaucoup de professionnels du secteur médical. Cependant, comme l’explique Isabelle Desguerre, chef du service de neuropédiatrie à l’hôpital Necker « Nous ne voulons plus devoir justifier l’injustifiable, comme le refus d’hospitaliser des enfants ou la décision de fermer des lits. »
Des symptômes alarmants
La crise des soignants vient de déclencher un appel à la démission collective.Actuellement, l’appel à la démission collective se poursuit. Particulièrement suivi en région parisienne et en Ile-de-France, il touche aussi la province. Indéniablement, il exprime chez les personnels soignants une tentative de dernier recours. En tous cas, cette stratégie montre le réel épuisement d’un secteur qui se sent à bout de souffle. Ces derniers mois, l’un des symptômes alarmants de ce malaise est le nombre croissant d’infirmières qui quittent leur travail. Souvent, certaines ne sont pas remplacées. Cela, à cause du manque d’attractivité des postes proposés, dû à des salaires trop faibles. Ce qui pose un vrai problème. Car mettre à la place de ces infirmières un personnel sans expérience expose les malades à recevoir des soins dégradés. En raison d’un manque de compétence. Pour preuve, la solution d’employer des intérimaires est fréquemment décevante et inadaptée. Surtout dans des services très spécialisés. Aujourd’hui, on saura si l’appel à la démission collective a recueilli le nombre de 1.000 signataires. Un seuil qui fournirait alors à la crise des soignants une arme supplémentaire dans les ultimes négociations prévues avec l’exécutif.
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