Chasse à la glu : une pratique d’un autre âge ?
Aujourd’hui, la polémique sur la chasse à la glu est toujours en cours. Notamment parce que la Commission européenne attend de la France qu’elle « […] réexamine ses méthodes de capture d’oiseaux. » Ainsi, pour satisfaire la Commission, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, tente d’empêcher le renouvellement des quotas accordés à cette pratique. Malgré une vive opposition de certains chasseurs traditionnalistes.
Une fracture culturelle
Actuellement, la méthode de capture de la chasse à la glu reste interdite par l’UE. Ce, depuis 2019. Mais en France, une dérogation lui permet toujours d’exister. Ce dont les fédérations des chasseurs profitent. Pour se justifier, ils rappellent à Barbara Pompili qu’ils sont les « premiers écologistes de France ». Et qu’ils ne font avec ce type de chasse que « prélever » un faible pourcentage de certaines espèces d’oiseaux. Or, les opposants à cette pratique déplorent qu’elle soit plus une forme de piégeage qu’une véritable chasse. De fait, à cause d’elle, de nombreux oiseaux sont englués chaque année. Sans distinction possible entre les espèces. Qu’elles soient protégées ou non. Ainsi, même si les quantités d’oiseaux attrapés sont limitées, le principe de précaution n’est pas respecté.
En attendant, le débat reste vif, entre les chasseurs locaux et les opposants à la chasse. Par conséquent, ce conflit demeure latent. Tout comme celui de la disparition prochaine de la chasse à courre, sociologiquement problématique. Alors qu’elle aussi s’appuie sur une solide tradition.
Des avis très partagés
D’après un sondage IFOP datant de 2017, 84 % des Français seraient contre la chasse à courre. Alors la chasse à la glu, souvent jugée aveugle et sournoise, rencontrera-t-elle bientôt le même rejet ? Une question délicate. Sans doute suivie attentivement par Jean Saint-Josse, le cofondateur du parti Chasse, Pêche, Nature et Traditions.
En fait, quand on se penche sur le fossé qui sépare les chasseurs des écologistes, on s’aperçoit que ces deux clans regroupent des comportements très variés. Ainsi, certains chasseurs s’efforcent effectivement de protéger des écosystèmes. Alors que d’autres pas du tout. Et du côté des écologistes, certains considèrent que l’homme est une menace pour la nature, alors que d’autres pensent qu’elle doit être régulée par l’intervention humaine. Ainsi, au final, on obtient un débat très complexe. Forcément pluriel et difficile à apaiser.
Un consensus possible ?
Entre les chasseurs qui considèrent leur activité comme utile à la biodiversité, qu’ils estiment réguler, et les écologistes qui jugent que la chasse est un loisir dépassé, un consensus sera sans doute difficile à trouver. Assurément, ces divergences entre les divers points de vue vont rendre complexe la tâche de Barbara Pompili. D’autant plus que cette polémique sur la chasse à la glu comporte forcément une dimension éthique. Et que cette polémique dure déjà depuis plusieurs décennies. Par conséquent, la ministre de la Transition écologique s’attaque là à un dossier sensible.
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