Traitement à l’hydroxychloroquine : des tests inquiétants
Vendredi dernier, une vaste étude publiée dans la revue médicale The Lancet, très respectée, a dénoncé un réel risque de décès lié au traitement à l’hydroxychloroquine, conseillé par le célèbre Professeur Raoult.
Une première étude d’envergure
A l’évidence, cette étude limitée à l’observation factuelle ne clôturera pas la controverse qui entoure toujours le fameux traitement à l’hydroxychloroquine. Celui conseillé par le très médiatisé médecin marseillais, Didier Raoult. Néanmoins, cette étude constitue pour l’instant la plus sérieuse réalisée à ce jour sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine. Dans cette étude, les chercheurs ont cherché à évaluer les risques d’un traitement à l’hydroxychloroquine, associé à un antibiotique appartenant à la famille des macrolides. Conduite par des chercheurs travaillant dans des hôpitaux de Zurich et de Boston, cette analyse a intégré les réponses d’un peu plus 96.000 patients, contaminés par le Sras-CoV-2. Cela, entre le 20 décembre 2019 et le 14 avril 2020, dans 671 hôpitaux répartis sur six continents.
Un risque de mortalité amplifié
Parmi les quatre groupes étudiés, l’un d’entre eux, constitué de près de 1.900 patients, a reçu de la chloroquine seule. Par ailleurs, un deuxième groupe d’environ 3.800 patients a reçu de la chloroquine associée à un macrolide. Puis, un troisième groupe d’environ 3.600 malades a indifféremment reçu soit de l’hydroxychloroquine, soit un mélange d’hydroxychloroquine et de macrolide. Or, les conclusions publiées sont catégoriques. Elles se résument par une incapacité à « […] confirmer un bénéfice de l’hydroxychloroquine ou de la chloroquine […] sur le pronostic des malades de Covid-19 hospitalisés ». En revanche, on observe une hausse des décès avec le traitement à l’hydroxychloroquine. Précisément, lorsqu’on associe hydroxychloroquine et macrolide. Dans ce cas, près de 24 % des patients sont décédés. Soit près d’un sur quatre. Ce qui représente un risque de mortalité multiplié par cinq.
Un cocktail dangereux
D’après cette étude internationale, un traitement à l’hydroxychloroquine peut causer des effets secondaires graves. Plus précisément, si l’on associe l’hydroxychloroquine à de l’azithromycine. Cela peut alors entraîner des troubles cardiaques véritablement dangereux. Causés par des complications cardiovasculaires délétères. Dans certain cas, ce mélange peut conduire à une mort subite. Or, les doses qui sont données dans le traitement du Covid-19 sont trop proches du seuil de toxicité. Si l’on fait suivre ce traitement à des patients présentant des signes de comorbidités, cela peut alors provoquer chez eux de l’arythmie ventriculaire. Soit, un danger cardiaque sévère.
Un bilan scientifique sans appel
A l’évidence, cette étude internationale de vaste importance n’est pas tendre avec les essais réalisés en France. En effet, elle déplore que les « preuves » associées au traitement à l’hydroxychloroquine, présentées par le Professeur Raoult, soient si limitées. De fait, elles « […] provenaient d’un petit nombre d’études anecdotiques ou de petits essais randomisés non concluants. […] ». En conclusion, elle affirme « Nous n’avons trouvé aucune preuve du bénéfice de l’hydroxychloroquine ou de la chloroquine […]. » Ainsi, cette étude résume ses conclusions en expliquant « […] nos constatations suggèrent non seulement l’absence de bénéfice thérapeutique de ces traitements, mais aussi leur danger potentiel pour les patients hospitalisés atteints du Covid-19. » Un bilan scientifique sans appel. Mais qui ne découragera sans doute pas les défenseurs déjà acquis à la cause du Professeur Raoult. Ces derniers pourront opposer à l’étude internationale que Donald Trump prend de l’hydroxychloroquine. Un argument fort… Pour certains.
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