Stratégie numérique : le rôle insuffisant joué par la France et l’Europe
Dernièrement, la Commission d’enquête du Sénat a remis un rapport édifiant sur le devoir français de souveraineté numérique. Celui-ci contenait plusieurs recommandations. Si elles étaient mises en place, elles permettraient d’obtenir une stratégie numérique plus efficace, menée dans l’Hexagone.
Des efforts encore mal structurés
Actuellement, l’initiative française qui vise à imposer les géants du numérique, avec la taxe GAFA, montre le dynamisme de notre exécutif. Cependant, au niveau européen, nos effort restent encore insuffisamment structurés. Ainsi, notre politique en matière de protection des droits voisins demeure fragile. Nos difficultés à imposer l’usage d’un Cloud français, pour sauvegarder les données sensibles de nos entreprises, en fait la démonstration. Une carence qu’a notamment signalée Florence Parly, la ministre des Armées. Or, notre pays compte de très nombreux développeurs, qui pourraient s’y consacrer. Cette décision pourrait aboutir rapidement à un Cloud français plus conséquent, face aux dispositifs des États-Unis et de la Chine.
Une trop grande timidité européenne
Pour jouer un rôle mondial plus important, la France doit muscler sa stratégie numérique, face aux Etats-Unis et à la Chine.L’année dernière, dans le monde, les sommes récoltées en faveur des start-up ont totalisé 155 milliards de dollars. Sur ce total, les créations d’entreprises américaines ont capté plus de la moitié des fonds perçus. De leur côté, les jeunes sociétés asiatiques ont attiré 30 % de ces investissements. Bonne dernière, l’Europe n’a reçu que 12 % de ces capitaux. Ce déséquilibre parle de lui-même. Il révèle une stratégie numérique européenne trop timide. Cela montre que des efforts importants restent à accomplir en matière d’innovations sur le Vieux Continent. Par conséquent, pour parvenir à l’avenir à une politique plus volontariste, la préférence européenne devra se renforcer. Pour cela, le modèle à suivre devra s’inspirer des politiques déjà adoptées par la Chine et les États-Unis. Celles-ci sont nettement plus dynamiques, voire agressives, en matière de la stratégie numérique. Plus particulièrement dans le secteur des télécoms. Ainsi, l’année dernière, l’équipementier chinois Huawei a réussi à s’octroyer 28 % du marché des équipements réseaux européens. Là où les entreprises scandinaves Nokia et Ericsson ne sont parvenues à obtenir qu’un quart de ce marché.
Développer une politique industrielle forte
Face à ce constat, la France doit impérativement réussir à muscler sa politique industrielle. Selon une récente étude économique, près de la moitié des « licornes », ces entreprises valorisées à plus de 1 milliard de dollars, proviennent aujourd’hui des États-Unis. Juste derrière, on trouve la Chine, qui représente presqu’un quart de ces sociétés triomphantes. Enfin, l’Inde et l’Angleterre rejoignent ce peloton de tête, en se limitant chacune à un pourcentage de seulement 5 %. A l’avenir, pour occuper une part plus importante de cette dynamique commerciale à succès, la France devra absolument renforcer son rôle dans la stratégie numérique européenne.
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