Rouler à 80 km/h : un recul du Gouvernement
Rouler à 80 km/h est une mesure qui a d’emblée été très impopulaire. Principalement en milieu rural. Son application, sans doute trop rapide, a créé un large mécontentement. Finalement, après de nombreux débats, elle va être assouplie sur certaines portions de départementales. Ainsi, les présidents des conseils départementaux vont pouvoir moduler la vitesse autorisée.
Un rétropédalage
Après avoir certifié qu’il ne reculerait pas, car il voulait « […] sauver des vies », Edouard Philippe a fini par déclarer que l’obligation de rouler à 80 km/h allait devenir modulable. Cette mesure phare du quinquennat va donc cesser d’être appliquée à la lettre. Ainsi, les multiples plaintes des associations de conducteurs et de certains élus départementaux vont pouvoir se calmer. Il faut dire que depuis janvier 2018, cette limitation de vitesse, imposée sur 400.000 kilomètres de routes secondaires, faisait trop de mécontents. De fait, le Premier ministre s’est finalement résolu à permettre certains aménagements. Cela l’a conduit à déclarer : « Si les présidents de conseil départemental souhaitent prendre leurs responsabilités, je n’y vois aucun inconvénient. » Ce rétropédalage a aussitôt encouragé les députés de la majorité à voter un amendement à ce sujet. Celui-ci devrait permettre aux présidents des collectivités qui le désirent de revenir à l’ancienne limite de vitesse à 90 km/h.
Des décisions à prendre au cas par cas
La limitation de vitesse à 80 km/h va bientôt être adaptable.Saluée comme un retour au bon sens par certains élus, cette tolérance qui va permettre de ne plus rouler à 80 km/h, dans certains cas, devra néanmoins tenir compte de la sécurité routière générale. Cependant, cette nouvelle permission devrait faire taire de nombreuses critiques. Surtout celles formulées à l’égard d’un exécutif jugé parfois trop « centralisateur ». Pour autant, ce revirement ne sera pas forcément synonyme d’un retour systématique au 90 km/h. En effet, la nouvelle réglementation à respecter tiendra d’abord compte des divers avis des élus communaux. Elle s’appuiera aussi sur des caractéristiques propres à chaque route et sur le nombre des accidents enregistrés. Ainsi, certaines portions de route pourraient même être limitées à 70 km/h, si elles sont jugées trop dangereuses.
De nouvelles dépenses à venir
La question du coût engendré par le remplacement de certains panneaux routiers est rapidement apparue. En effet, il faut rappeler que l’obligation de rouler à 80 km/h a déjà coûté entre 6 et 12 millions d’euros aux contribuables. Or, un retour partiel à une limitation supérieure entraînera forcément des frais supplémentaires. Certains élus ont déploré ce gâchis important d’argent public. Par ailleurs, une partie d’entre eux craint que ces changements successifs provoquent de la confusion sur les routes, et donc des accidents. Cependant, avant de pouvoir vraiment apprécier les conséquences de la volte-face du Gouvernement, un temps d’observation sera sans doute nécessaire.
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