Réouverture de Lubrizol : des craintes persistantes
A Rouen, l’usine chimique Lubrizol, dévastée par un incendie le 26 septembre, a repris une activité partielle. Le redémarrage de ce site Seveso fait suite au feu vert donné le 10 décembre par le Conseil Départemental de l’Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques, le CODERST. Cependant, de nombreux élus locaux restent opposés à cette reprise.
Des votes mitigés
Ainsi, moins de trois mois après le terrible incendie qui a ravagé l’usine Lubrizol à Rouen, une réouverture partielle a été autorisée. Le préfet de Seine-Maritime a donc confirmé « qu’il suivrait cet avis » de réouverture de Lubrizol. Néanmoins, il faut préciser que parmi les votes recueillis pendant la réunion du Conseil Départemental de l’Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques, quatre participants étaient contre ce redémarrage. A savoir, la Métropole de Rouen, UFC Que choisir, France Nature Environnement, et l’Union Régionale des Médecins Libéraux. De plus, le maire de la ville s’est abstenu. Mais au final, un avis en faveur du redémarrage partiel du site, rendu par le CODERST, a été voté. Une décision qui confirme l’avis donné par la Direction Régionale de l’Environnement, finalisé la semaine dernière. De fait, cet organisme a décidé que le dossier de l’usine chimique Lubrizol était « techniquement sérieux et crédible ».
Pour calmer les craintes dans la population
Pour apaiser les inquiétudes qui persistent dans la région, au sujet d’un stockage de matières dangereuses pour l’environnement, la préfecture a pris les devants. Ainsi, elle a précisé dans un communiqué, ce 10 décembre, que la réouverture de Lubrizol se limiterait à « deux ateliers chargés de mélange de produits ». De plus, l’activité du site se caractérisera par « […une réduction drastique des stockages des produits finis conditionnés […]. »De même que par « une diminution du stockage de matières premières« . Enfin, le préfet Pierre-André Durand a bien précisé « […] qu’aucune réouverture totale ne pourra en tout état de cause intervenir à l’identique. »
Une opposition perdure
La réouverture de l’usine Lubrizol, même partielle, est loin de faire l’unanimité.Sur place, on a spécifié que « aucune réaction chimique n’a lieu lors des mélanges« . Cependant, on sait malgré tout que cette reprise devrait inclure le « stockage d’antioxydants en poudre« . Or, ces derniers sont jugés « dangereux pour l’environnement« , et « nocifs » sous leur forme liquide. Pour l’instant, de nombreux élus locaux restent opposés à la réouverture du site. Pour preuve, Christophe Bouillon, député PS de Seine-Maritime, a demandé au préfet de ne pas « confondre vitesse et précipitation« . D’ailleurs, il réclame toujours de connaître « les résultats de l’enquête judiciaire« .
Une future délocalisation envisagée
À ce jour, Lubrizol fait travailler 370 personnes à Rouen, dont 120 employés administratifs. Ainsi, la réouverture de Lubrizol permise par le CODERST a été saluée par certains élus. Notamment Damien Adam, député LREM de Seine-Maritime. Un enthousiasme que certains ne partagent pas. Entre autres, l’association écologiste Robin des Bois. Très sévère, celle-ci considère que « Une reprise partielle des activités de Lubrizol à Rouen serait un marché de dupes ». Elle ne serait alors motivée que par des raisons économiques. D’ailleurs, d’après cette association, l’activité de ce site classé Seveso devrait sans doute se délocaliser en Chine dans les prochaines années.
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