Le gouvernement envisage de revoir en profondeur le calcul de la taxe foncière en intégrant de nouveaux critères liés au « confort » des logements. Une évolution qui suscite de vives réactions, tant son impact pourrait être important pour des millions de propriétaires.
La perspective d’une modification des bases de la taxe foncière fait réagir bien au-delà des cercles fiscaux. L’annonce d’une révision à partir de 2026, fondée sur l’ajout de « mètres carrés fictifs » liés à la présence d’équipements considérés comme essentiels dans un logement moderne, soulève des interrogations sur l’équité et l’efficacité de la mesure. Cette réforme, qui concernerait plusieurs millions d’habitations anciennes, repose sur l’idée d’actualiser un cadastre devenu obsolète. Mais pour de nombreux propriétaires, elle ressemble davantage à une augmentation déguisée de l’impôt qu’à une mise à jour technique.
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Un calcul révisé pour tenir compte des équipements jugés indispensables

La réforme s’appuie sur une logique simple : un logement mieux doté en équipements de base serait considéré comme plus « confortable » et verrait sa valeur cadastrale augmentée via des surfaces additionnelles. L’eau courante, l’électricité, la présence d’une douche, d’une baignoire ou de sanitaires intérieurs, ainsi que les pièces chauffées ou climatisées, seraient désormais traduits en mètres carrés supplémentaires. L’objectif affiché est de rapprocher l’évaluation fiscale de la réalité d’usage, en prenant en compte des éléments devenus incontournables dans la majorité des logements.
Pour les habitations anciennes, notamment construites avant la Seconde Guerre mondiale, cette mise à jour pourrait représenter un changement significatif. Les premiers chiffrages évoquent une hausse potentielle de recettes pour l’État et les collectivités, conséquence directe de cette nouvelle méthodologie d’évaluation.
Des conséquences très variables selon les logements concernés
L’application de mètres carrés fictifs pourrait entraîner des écarts importants entre les biens. Un petit logement urbain doté des équipements standards pourrait voir sa base fiscale augmenter de manière notable. La valeur cadastrale serait ainsi recalculée non seulement sur la surface réelle, mais également sur les équipements considérés comme améliorant substantiellement le confort. Dès lors, un studio déjà onéreux en centre-ville pourrait être traité comme une surface plus grande qu’en réalité, avec un impact direct sur le montant de la taxe foncière.
À l’inverse, les logements anciens dégradés ou peu équipés seraient théoriquement moins concernés. Le gouvernement assure que ces biens, souvent éloignés des standards actuels, ne seraient pas pénalisés. Reste que les propriétaires de maisons anciennes rénovées ou réhabilitées pourraient se retrouver parmi les plus touchés, leurs travaux ayant justement permis d’intégrer les équipements désormais considérés comme augmentant la surface fiscale.
Une réforme qui réactive le débat sur la cohérence des impôts locaux
Si la volonté de moderniser les bases de calcul peut se comprendre, la démarche soulève une question récurrente : jusqu’où peut-on aller dans l’intégration de nouveaux critères sans alourdir excessivement la fiscalité locale ? La France a déjà connu, par le passé, des taxes largement contestées pour leur manque de cohérence avec la réalité du logement, certaines ayant même laissé des traces visibles dans le paysage architectural. Ces précédents alimentent aujourd’hui la méfiance autour d’une réforme perçue comme susceptible d’alourdir une charge déjà en forte progression ces dernières années.
La remise à plat annoncée s’inscrit pourtant dans une logique de simplification et de cohérence technique, avec l’idée de rapprocher le système fiscal d’un parc immobilier qui a profondément évolué en plusieurs décennies. Mais pour de nombreux propriétaires, l’enjeu reste avant tout financier : une hausse même modérée, appliquée sur un impôt déjà en forte augmentation, suffit à nourrir l’inquiétude.


