Une journée symbolique et une dynamique territoriale affirmée

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La Journée contre la précarité énergétique du 18 novembre met en lumière une réalité sociale devenue urgente : en 2025, plus d’un tiers des Français rencontre des difficultés pour régler ses factures d’énergie, et les situations de froid dans le logement explosent. Dans un contexte de hausse durable des prix, d’aides nationales réduites et de budgets locaux contraints, plusieurs territoires démontrent qu’il est possible d’agir autrement. En mobilisant les revenus issus de projets d’énergies renouvelables, des collectivités ont choisi de financer directement des actions de lutte contre la précarité énergétique pour accompagner les ménages les plus fragiles.

Un modèle où transition énergétique et solidarité se rejoignent

Ces initiatives reposent sur une idée simple : les bénéfices générés par les installations photovoltaïques ou éoliennes ne sont pas seulement destinés à refinancer de nouveaux projets, mais aussi à soutenir des programmes sociaux ciblés. Ce modèle crée un cercle vertueux : l’électricité produite localement devient un instrument de justice sociale et d’amélioration du quotidien des habitants. Pour les acteurs du réseau Cler, chaque euro investi dans la transition énergétique locale constitue un levier concret pour réduire la précarité et renforcer la cohésion territoriale.

Kreiz-Breizh : une société publique d’énergie au service des ménages

Dans les Côtes-d’Armor, la Communauté de Communes du Kreiz-Breizh a créé une société dédiée aux énergies renouvelables qui participe au développement de parcs éoliens. Les revenus issus de ces participations ont été mobilisés pour financer sur trois ans une partie du programme Slime, permettant à près de 280 ménages d’être accompagnés depuis 2023. Les interventions prennent la forme de visites à domicile, d’aides aux premières réparations et d’orientations vers des dispositifs de rénovation. Dans un territoire rural marqué par un habitat ancien et souvent dégradé, ce soutien constitue une réponse directe aux situations d’humidité, de défauts d’isolation et de difficultés de chauffage.

Vallée de la Drôme : un fonds de solidarité issu de l’autoconsommation

Dans la Drôme, la coopérative dwatts a intégré un mécanisme original : ses installations photovoltaïques en autoconsommation collective génèrent un excédent financier destiné à un fonds de solidarité. Sur la première année, 10 000 euros ont été consacrés à l’achat et à l’installation de kits d’isolation de chauffe-eau pour des foyers en difficulté. Ces équipements, qui améliorent l’efficacité énergétique du système de production d’eau chaude, peuvent réduire drastiquement la consommation et la facture. Les premiers déploiements, prévus en 2026, associent acteurs sociaux, professionnels du bâtiment et services publics énergétiques, confirmant l’importance des partenariats locaux.

Maine-et-Loire : un parc éolien qui soutient l’action sociale

Mauges Communauté a choisi un autre modèle avec le parc éolien de l’Hyrôme, développé conjointement avec des citoyens. Une partie de la rémunération issue de la vente de l’électricité permet de financer chaque année des actions menées avec le CCAS de Chemillé-en-Anjou. Diagnostics énergétiques, interventions d’urgence, ateliers de sensibilisation : près de 6 000 euros par an sont consacrés à la lutte contre la précarité énergétique. Le territoire mobilise également les Locaux-Moteurs, un réseau de médiateurs formés pour aller à la rencontre des habitants afin d’identifier les situations invisibles et orienter les ménages vers les aides existantes.

Une réponse locale à une crise nationale

Ces trois expériences montrent que la transition énergétique peut devenir un outil social majeur lorsqu’elle est pensée au niveau territorial. Elles ouvrent la voie à un modèle où la production locale d’énergie renouvelable ne se contente pas de décarboner le mix électrique, mais contribue à réduire les inégalités et à améliorer durablement la qualité de vie. À l’heure où les élus locaux cherchent des solutions concrètes face à la crise énergétique, ce modèle de solidarité territoriale s’impose comme une voie d’avenir.