Un décret prévu pour février 2026 annonce une baisse significative du remboursement des médicaments à faible service médical rendu (SMR) pour les patients en affection longue durée (ALD). Cette mesure, qui pourrait générer 90 millions d’euros d’économies annuelles, met fin à la prise en charge intégrale dont bénéficient actuellement ces malades pour certains traitements jugés moins efficaces. Cette réforme s’inscrit dans un plan plus large de réduction des dépenses de l’Assurance maladie.

Une réduction ciblée des remboursements pour les malades en ALD

Qu’est-ce que le service médical rendu ?

Le service médical rendu (SMR) est une évaluation réalisée par la Haute Autorité de santé (HAS) qui détermine l’intérêt clinique d’un médicament. Un SMR « faible » signifie que le médicament apporte un bénéfice limité par rapport à d’autres options ou traitements déjà disponibles. Actuellement, les médicaments à faible SMR sont remboursés à 15% par l’Assurance maladie pour la majorité des patients. Toutefois, les 14 millions de patients en ALD bénéficiaient jusqu’ici d’une exonération totale, avec un remboursement intégral.

La fin de l’exception pour les médicaments à faible SMR

À partir du 1er février 2026, cette exception sera supprimée. Les patients en ALD ne bénéficieront plus d’un remboursement à 100% sur ces médicaments. Ils seront remboursés au même taux que les autres assurés, soit 15%. Cette mesure vise à rationaliser la prise en charge en réservant l’exonération intégrale uniquement aux traitements clés liés directement aux affections déclarées.

Parmi les médicaments concernés figurent des produits très utilisés tels que le Gaviscon, destiné à soulager les reflux gastriques, ou encore le Spasfon, souvent prescrit contre les troubles digestifs et menstruels. Leur efficacité clinique jugée faible explique leur classement au SMR réduit.

Impact financier et conséquences pour les patients

Une mesure d’économie importante pour l’Assurance maladie

Cette réforme s’inscrit dans un objectif de réduction drastique des dépenses publiques de la Sécurité sociale. Selon un rapport conjoint de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l’Inspection générale des finances (IGF), la suppression du remboursement intégral pour ces médicaments permettra d’économiser environ 90 millions d’euros par an. Cela fait partie du plan d’économie globale de 5,5 milliards d’euros que le gouvernement cherche à atteindre pour l’année 2026.

Conséquences pour les patients en ALD

Les patients concernés devront désormais supporter une partie plus importante du coût des traitements. Cette augmentation des dépenses de santé peut avoir un impact financier significatif, notamment pour des patients chroniques qui doivent consommer ces médicaments de manière régulière.

Les complémentaires santé, souvent sollicitées pour couvrir les frais non pris en charge par l’Assurance maladie, ne remboursent généralement pas ces médicaments, sauf dans le cadre spécifique d’un « forfait pharmacie » inclus dans certains contrats. Ainsi, cette réforme risque d’alourdir la facture de nombreux assurés.

Un débat sur la pertinence des soins remboursés

Cette décision fait suite à des prises de position politiques et sanitaires visant à limiter le remboursement des traitements jugés peu efficaces ou non directement liés à l’affection déclarée en ALD. En juillet 2025, l’ex-Premier ministre François Bayrou avait déjà annoncé la volonté de sortir du remboursement intégral certains médicaments et soins pour maîtriser les dépenses publiques.

Le débat reste cependant ouvert, certains acteurs de santé critiquant une mesure qui pourrait restreindre l’accès à des traitements symptomatiques essentiels pour certains malades.

Réduction du remboursement des cures thermales : une autre mesure du décret

Un remboursement à 65% au lieu de 100%

Outre les médicaments, le projet de décret prévoit également la réduction du remboursement pour les cures thermales des patients en ALD. Actuellement prises en charge à 100%, ces cures ne seront remboursées qu’à hauteur de 65%, comme pour le reste des assurés sociaux.

Cette modification budgétaire représenterait une économie supplémentaire estimée à 25 millions d’euros par an.

Inquiétudes des établissements thermaux

Le secteur des cures thermales s’inquiète vivement des conséquences de cette mesure. Environ 25% des patients en cure thermale sont en ALD, et le président du conseil national des établissements thermaux (Cneth), Thierry Dubois, juge cette réduction de remboursement « extrêmement dommageable pour la profession ».

Il souligne néanmoins que ce changement ne remet pas en cause le remboursement général à 65%, qui resterait stable. Par ailleurs, aucun projet de baisse plus large du remboursement des cures thermales n’est à l’ordre du jour.

Un débat persistant sur l’utilité médicale des cures

L’intérêt médical des cures thermales fait régulièrement débat au sein du corps médical. Certaines voix demandent une réévaluation de leur prise en charge par l’Assurance maladie, pointant un manque de preuves solides concernant leur efficacité pour certaines pathologies.

Vers un système de remboursement plus ciblé pour les ALD

La réforme annoncée pour février 2026 marque un tournant important dans la politique de santé publique française. En limitant les remboursements à 15% pour certains médicaments à faible service médical rendu, et en réduisant la prise en charge des cures thermales, le gouvernement cherche à contenir le déficit de l’Assurance maladie.

Si cette rationalisation budgétaire peut contribuer à une meilleure gestion des dépenses, elle soulève des questions sur l’accès aux soins pour les 14 millions de malades en affection longue durée. Ces derniers pourraient faire face à des coûts supplémentaires, parfois difficiles à absorber.

Pour limiter l’impact financier, un recours accru aux complémentaires santé, notamment avec des formules incluant un « forfait pharmacie », pourra être nécessaire. Le débat reste ouvert sur l’équilibre entre maîtrise des dépenses et maintien d’un accès équitable aux traitements indispensables.

Cette réforme invite finalement à une réflexion plus globale sur la pertinence et la qualité des soins remboursés, en cohérence avec les objectifs de santé publique et la solidarité nationale.