Pastoralisme : un risque de disparition ?
Ce samedi, deux manifestations ont relancé, en Ariège et à Toulouse, le conflit entre les défenseurs du pastoralisme dans les Pyrénées et la réintroduction de l’ours dans cette région.
Une mobilisation en faveur des ours
Récemment, à Toulouse, environ 300 défenseurs de la réintégration de l’ours dans les montagnes des Pyrénées ont manifesté devant la préfecture. Ces adhérents de l’association Cap Ours réclamaient que l’animal tué par balles, début juin en Ariège, soit remplacé. Aujourd’hui, ils affirment que leur association a officiellement regroupé 14.000 manifestants en ligne. De fait, pour les défenseurs de la cause de l’ours, il faut absolument remplacer l’animal abattu. Cet ours mâle avait quatre ans. Selon Alain Reynes, Directeur de l’association Pays de l’Ours, « chaque spécimen compte ». D’après lui, ces plantigrades ne menacent pas le pastoralisme dans les Pyrénées.
Un cas emblématique
Désormais, l’État va devoir décider quelles limites il souhaite donner à son Plan Ours. Celui-ci a débuté dans les Pyrénées au cours des années 90. A l’évidence, l’ours récemment abattu a ravivé la guerre latente qui perdure entre les éleveurs et les défenseurs français de la biodiversité. Ainsi, Alain Marek, délégué régional de l’association qui protège les animaux sauvages, a déclaré qu’il fallait retrouver le/les coupable(s) de l’abattage. Cela, pour que « l’affaire ne soit pas classée sans suite ».
Pour l’instant, l’Etat a porté plainte. Sans que l’enquête n’ait donné de résultat. De son côté, l’organisation Sea Shepherd a offert une prime de 45.000 euros. Pour tout renseignement qui permettrait de retrouver le/les responsable(s) de la mort du plantigrade. Or, cette offre a encore plus exaspéré les militants anti-ours. En attendant, jeudi dernier, le préfet d’Occitanie a annoncé qu’en 2020, pour que les ours et les bergers puissent cohabiter, une enveloppe de 10 millions d’euros est prévue pour maintenir le pastoralisme. Actuellement, les Pyrénées accueillent environ une cinquantaine d’ours. Mais les défenseurs de l’animal estiment que ce chiffre est insuffisant pour garantir la survie de l’espèce.
Un rassemblement important
De leur côté, les partisans de la lutte anti-ours ont réussi à mobiliser environ 1.800 militants. En Ariège, cette démonstration de force a réuni, autour de l’étang de Lers, un fort pourcentage d’éleveurs. Mais aussi des élus, des chasseurs et des syndicalistes agricoles. Ces opposants au maintien de l‘ours venaient de plusieurs régions. A savoir, du Vercors, du Béarn, du Pays basque et même des Alpes. Tous réclamaient de voir dans la nature uniquement des « bêtes inoffensives ». Car pour eux, sans réaction adaptée de l’Etat, l’ours risque bientôt de devenir « le patron des montagnes ».
Christine Téqui, Présidente socialiste du conseil départemental de l’Ariège, a déclaré que maintenant « l’Etat doit dire s’il préfère les ours ou les humains. » De fait, les bergers, lassés des attaques trop fréquentes contre leurs troupeaux, admettent qu’ils renoncent aujourd’hui à lutter contre le prédateur. Ce qui pourrait entraîner la disparition progressive du pastoralisme. Cela serait alors une vraie perte pour la biodiversité.
Un conflit complexe
De toute évidence, le conflit, toujours inflammable, entre les défenseurs de l’ours et les bergers les Pyrénées n’est pas éteint. Ainsi, les éleveurs restent mobilisés contre la présence d’un animal qu’ils perçoivent comme une menace directe contre leurs troupeaux. De plus, il semblerait que les ours, réintroduits de Slovénie, ne craignent plus vraiment l’homme. Ainsi, un choix clair entre la protection du pastoralisme ou celle de l’ours devra se faire rapidement.
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