La sociologie des maires français évolue lentement mais sûrement. La féminisation des exécutifs locaux progresse, soutenue par une nouvelle loi électorale, tandis qu’un renouvellement générationnel et professionnel s’installe progressivement. Les profils issus du privé et les néoruraux apportent de nouveaux codes et de nouvelles attentes dans l’exercice municipal.
Une photographie encore masculine mais en mutation

Selon la dernière enquête du Cevipof menée pour l’Association des maires de France, le maire « moyen » reste aujourd’hui un homme, âgé d’une soixantaine de printemps. Cette image, héritée de décennies de stabilité institutionnelle, est toutefois en train de se fissurer. La loi du 21 mai 2025, qui impose désormais la parité sur les listes municipales dans les communes de moins de 1 000 habitants, ouvre un chemin inédit vers un rééquilibrage plus net des exécutifs. Pour les chercheurs, cette évolution devrait produire des effets mécaniques dès le scrutin de 2026, en renforçant la cohésion et la diversité au sein des conseils municipaux.
La question de la parité, entre progrès et plafond de verre
Si la France se situe au-dessus de la moyenne européenne en matière de femmes maires, elle demeure loin des modèles scandinaves. L’écart entre la féminisation avancée des conseils municipaux — 42 % de femmes — et celle, plus faible, des maires révèle l’existence d’un plafond de verre autour de l’accès aux fonctions exécutives. Toutefois, les dernières élections ont déjà démontré la capacité de certaines villes à rompre avec les schémas traditionnels. Nantes, Rennes, Strasbourg ou Poitiers ont porté des femmes au sommet de leur municipalité en 2020, contribuant à modifier l’imaginaire collectif autour du rôle de maire.
De nouveaux parcours pour une fonction en recomposition
Cette évolution ne concerne pas uniquement la question du genre. Le profil professionnel des maires s’élargit : cadres du privé, entrepreneurs, ingénieurs, professions de santé ou nouveaux arrivants en milieu rural viennent enrichir la diversité des trajectoires. Les néoruraux, en particulier, apportent une vision différente du développement local, mêlant transition écologique, innovation sociale et réinvention des services de proximité. Cette pluralité de parcours redéfinit les manières d’exercer les responsabilités locales et bouleverse les codes d’un univers longtemps marqué par la permanence des mêmes profils.
Un mouvement de fond, encore loin de son terme
La perspective d’une parité parfaite reste incertaine, mais la dynamique enclenchée semble durable. Les experts soulignent qu’un cap historique a été franchi, même si les progrès demeurent plus rapides dans les assemblées que dans l’accès aux sièges exécutifs. Ce mouvement de fond, nourri par des transformations sociales plus larges, prépare un paysage municipal où les visages et les pratiques diffèreront sensiblement de ceux que la France a connus jusqu’ici.
Conclusion implicite : les municipales de 2026 pourraient constituer un tournant majeur dans la représentation locale, en accentuant la diversité des profils et en confirmant l’entrée progressive de nouvelles générations et de nouvelles compétences à la tête des communes.

