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Cropped Les Services Durgences Manquent De Moyens Humains Et Mate Riels

Immersion aux urgences : un député témoigne sans filtre

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Immersion aux urgences : une réalité très éprouvante

En vivant une immersion aux urgences de Douai, le député Alain Bruneel a voulu savoir comment les patients étaient vraiment reçus. Cela, en conditions réelles. Une expérience sur le vif, sans aucun privilège. Ainsi, il a compris pourquoi plus de 150 services d’urgences sont aujourd’hui en grève.


Une situation explosive

Actuellement, les personnels soignants de nombreux services d’urgences réclament une amélioration de leurs conditions de travail. Pour cela, ils manifestent dans toute la France. Parfois, ils n’hésitent pas à utiliser des actions coups-de-poing. Par exemple, en se faisant des piqûres d’insuline dans la rue, pour attirer l’attention. Pour mieux comprendre les raisons des grèves et des actions en cours, le député communiste Alain Bruneel s’est fait passer pour un malade. Evidemment, pour que son immersion aux urgences soit crédible, il n’avait prévenu personne dans l’hôpital. Ainsi, il a pu constater le quotidien explosif du personnel soignant. En quelques heures, il a vu des infirmières et des médecins débordés qui s’efforçaient d’accueillir les patients dans un hôpital du nord de la France.

Immersion aux urgences : un total anonymat

Simulant des maux de ventre pour son admission, le député a préservé son anonymat. Pour cela, il n’avait avec lui ni caméraman ni collaborateur. Vers 21 heures, il a subi les examens d’usage. A savoir : prise de température, de tension, puis électro-cardiogramme. Verdict, son état n’était pas grave. Cependant, on l’a prévenu qu’il devrait attendre 3h20, sur un brancard. Cela avant qu’un médecin puisse l’ausculter. Au final, son attente a duré 6 heures. Avant lui, dans la journée, 200 personnes était passées par le service où il se trouvait. Parmi elles, une soixantaine d’enfants. Le tout dans une atmosphère étouffante, due à une extrême chaleur. Pendant 6 heures, il n’a pas eu droit à un verre d’eau. Ainsi, l’élu a pu constater de visu une situation exténuante, pour tout le monde.

Un personnel sans arrêt sous pression

Dans les services d’urgences, les conditions d’accueil sont souvent dramatiques.

Globalement, lors de son immersion aux urgences, Alain Bruneel a observé un manque de moyens criant. Tout comme de personnel. Cela oblige les soignants à faire sans arrêt leur maximum avec ce qu’ils ont, c‘est à dire pas assez. Donc, ils ne s’arrêtent jamais. Concrètement, ils doivent entasser des brancards dans les couloirs par manque de place, et ils n’ont pas le temps de nourrir ni de faire boire les patients. Parfois, certains malades doivent s’occuper eux-mêmes des personnes âgées, car elles sont délaissées, faute d’infirmières. Pire, avec les temps d’attente interminables et la confusion générale, personne ne sait vraiment qui est malade, ni quelle pathologie doit être soignée.

Un appel urgent lancé à Agnès Buzyn

Après son expérience, le député Alain Bruneel a vivement invité Agnès Buzyn, ministre de la Santé, à venir sur place anonymement, comme lui. De cette façon, elle pourrait se rendre compte par elle-même des conditions exténuantes dans lesquelles les soignants sont forcés de travailler. Pour cet élu, choqué par son immersion aux urgences, l’exécutif « […] n’a pas pris le pouls réel de cette situation dramatique. » Pour lui, si Agnès Buzyn acceptait de vivre ce qu’il a vécu, ça serait pour elle une « […] expérience valant plus que tous les rapports écrits, passés et à venir. » Si une nouvelle canicule survenait, cela pourrait à nouveau devenir catastrophique.

  • Nous vous invitons à lire également notre article sur la crise des urgences
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Né à Blois le 22 novembre 1972, Thierry Dulac est un journaliste français. À tout juste 21 ans, il débute une carrière de journaliste à Londres sur la chaîne spécialisée en économie Bloomberg TV. Il rejoint BFM TV dès son lancement en 2005 et anime des émissions sur la chaîne d'info en continu de 2006 à 2009. On le voit ensuite sur iTélé, ancêtre de CNews, entre 2009 et 2011 date à laquelle il intègre le Bulletin des Communes qui lui confie la rubrique Environnement.