Huile de palme : une autorisation d’importation déroutante.
Alors qu’en juillet 2017 Nicolas Hulot s’était montré fermement opposé à l’ajout d’huile de palme dans les carburants, le ministre de la Transition écologique vient d’autoriser mercredi dernier le groupe Total à importer cette huile dans sa bioraffinerie, située à proximité de l’étang de Berre.
Cette autorisation ressemble fort à une volte-face. En effet, ce feu vert va permettre à Total, en accord avec à la préfecture des Bouches-du-Rhône, de recevoir une importation de 300.000 tonnes d’huile de palme par an. Cela représente une augmentation de plus de 35 % des importations françaises de ce produit, pourtant très controversé.
L’huile de palme a l’avantage d’être peu coûteuse. Elle constitue aussi un composant malléable lorsqu’on l’utilise à des fins industrielles. Mais sa culture est aussi responsable d’une déforestation massive, principalement en Indonésie et en Malaisie. Or on sait que globalement la déforestation entraîne 10 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Pour pouvoir produire cette huile en grande quantité, il faut planter beaucoup de palmiers. Cette culture, en monopolisant de très grandes surfaces de terrains, menace directement la biodiversité. Elle contraint par ailleurs des villages entiers à être déplacés. Cette exploitation sur une grande échelle est aussi responsable de la disparition de nombreux animaux, dont les derniers orangs-outans, particulièrement en danger.
Outre ses nombreux effets destructeurs, l’huile de palme aggrave le réchauffement climatique. Plusieurs études européennes ont confirmé sa nuisance dans ce domaine, en démontrant que cette huile était trois fois plus néfaste que les énergies fossiles en matière d’effet de serre.
Très utilisée dans la production alimentaire, cette huile y est omniprésente. On la retrouve dans près de 80 % de nos aliments industriels. Elle est aussi intégrée dans l’élaboration d’un peu moins d’un quart de nos produits de beauté. En majorité, c’est surtout dans les carburants qu’on la retrouve, ce secteur utilisant 75 % de son importation totale.
L’autorisation d’importation de l’huile de palme, validée par Nicolas Hulot, peut donc être qualifiée de rétropédalage, même si le ministre affirme que cet usage par Total sera momentané. D’après lui, cette pratique devrait progressivement être remplacée par l’adjonction d’huiles usagées. Il reste à espérer que ça sera vrai, car le Parlement européen a voté, en janvier dernier, la suppression de l’huile de palme dans tous les carburants d’ici 2021.