Moins d’un mois après l’accord de cessez-le-feu du 10 octobre, les contours de la future force internationale de stabilisation chargée de superviser la sécurité à Gaza commencent à se préciser. Mais avant même sa mise en place, le projet provoque des tensions diplomatiques. Israël a clairement annoncé son opposition à la participation de soldats turcs au sein de cette coalition, pourtant censée être composée majoritairement de pays arabes et musulmans.
Une coalition internationale sous haute tension

L’accord de cessez-le-feu, négocié sous l’égide de plusieurs puissances régionales et occidentales, prévoit le déploiement d’une force multinationale de stabilisation pour assurer la sécurité des zones évacuées par l’armée israélienne. Cette mission, à la fois sécuritaire et humanitaire, aura pour rôle de garantir le maintien de l’ordre, la distribution de l’aide et la relance des services essentiels, le temps qu’une administration transitoire palestinienne soit mise en place.
Selon les premières discussions, la coalition devrait être constituée de contingents venus de pays arabes comme l’Égypte, la Jordanie, les Émirats arabes unis, le Maroc ou encore l’Arabie saoudite, rejoints par des forces de soutien logistique et médical sous mandat de l’ONU.
Mais dimanche, la porte-parole du gouvernement israélien a fermé la porte à la participation turque, déclarant qu’“il n’y aura pas de soldats turcs sur le terrain”. Une prise de position ferme qui met en lumière les profondes divergences politiques entre Ankara et Tel-Aviv, malgré la trêve fragile obtenue dans la bande de Gaza.
Israël veut garder le contrôle du cadre sécuritaire
Pour Israël, la question de la composition de la force internationale n’est pas anodine. Le gouvernement souhaite conserver une influence directe sur la coordination militaire et s’oppose à l’idée qu’un pays critique de sa politique, comme la Turquie, puisse jouer un rôle sur le terrain.
Depuis le début du conflit, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a multiplié les attaques verbales contre le gouvernement israélien, allant jusqu’à qualifier certaines opérations militaires à Gaza de “crimes contre l’humanité”. Ankara s’est également positionnée comme soutien diplomatique du Hamas, ce qui rend sa participation inacceptable aux yeux des autorités israéliennes.
En coulisses, Israël plaide pour une présence limitée aux pays arabes considérés comme “neutres” ou partenaires régionaux, notamment ceux ayant signé des accords de normalisation. Le but : éviter toute friction politique et préserver la sécurité de ses troupes durant la phase de retrait progressif.
Ankara dénonce une “exclusion injustifiée”
Côté turc, la réaction n’a pas tardé. Des responsables proches du ministère des Affaires étrangères ont dénoncé une “exclusion injustifiée et contraire à l’esprit de la coalition internationale”. La Turquie, membre de l’OTAN, affirme avoir proposé de contribuer avec des forces de maintien de la paix et des équipes de reconstruction, dans un cadre humanitaire validé par l’ONU.
Selon Ankara, sa participation serait légitime compte tenu de son rôle régional et de ses relations historiques avec la cause palestinienne. Mais la méfiance israélienne reste tenace, nourrie par des années de relations diplomatiques fluctuantes et de désaccords profonds sur la question de Gaza.
Un projet soutenu par la communauté internationale
En parallèle des discussions sur la composition de la force, la Banque mondiale a exprimé son soutien à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU visant à encadrer la gouvernance transitoire de Gaza pour les deux prochaines années.
Ce texte, rédigé à l’initiative des États-Unis, propose la création d’un “Conseil de la paix”, une autorité internationale chargée de superviser la reconstruction, la sécurité et la relance économique du territoire. Ce conseil disposerait d’un mandat de deux ans, renouvelable, et travaillerait en coordination avec l’ONU, la Banque mondiale et l’Union européenne.
La Banque mondiale, par la voix de son président Ajay Banga, a salué cette initiative et assuré être prête à “agir dès le premier jour” pour financer la reconstruction. L’institution prévoit la création d’un fonds d’affectation spécial regroupant les contributions des donateurs internationaux, destiné à financer les projets de relance et les infrastructures civiles.
Une reconstruction évaluée à plus de 70 milliards de dollars
Les estimations les plus récentes font état d’un coût de reconstruction dépassant 70 milliards de dollars, soit environ 61 milliards d’euros, un chiffre en forte hausse par rapport aux évaluations de février 2025. L’ampleur des destructions — logements, hôpitaux, réseaux d’eau et d’électricité — rend la tâche titanesque.
L’ONU, l’Union européenne et la Banque mondiale coordonnent les efforts pour établir un plan d’action commun. Ce plan devrait inclure la réhabilitation des infrastructures, la relance des activités économiques et le déminage des zones à risque.
Les bailleurs de fonds insistent sur la nécessité de garantir la stabilité sécuritaire avant tout déploiement massif d’aide, d’où l’importance de la force internationale de stabilisation actuellement en négociation.
Un équilibre diplomatique fragile
La formation de cette coalition internationale repose sur un équilibre diplomatique délicat. D’un côté, Israël exige de pouvoir valider les pays contributeurs pour des raisons de sécurité nationale ; de l’autre, plusieurs États arabes refusent d’être perçus comme agissant sous supervision israélienne.
Les discussions en cours au Conseil de sécurité visent à trouver une formule neutre, dans laquelle la supervision de la mission serait confiée à l’ONU, avec un commandement mixte civil et militaire. Cette approche permettrait d’assurer une légitimité internationale tout en limitant les tensions bilatérales.
Cependant, la question turque risque de devenir un point de blocage. Ankara pourrait s’opposer à tout texte excluant sa participation, notamment si la Turquie n’est pas consultée dans la définition du mandat de la force.
Une paix encore fragile
Si le cessez-le-feu du 10 octobre a mis fin aux combats les plus violents, la situation sur le terrain reste tendue. Le retrait progressif de l’armée israélienne s’accompagne d’incidents sporadiques, et la gouvernance future de Gaza demeure incertaine.
Le Conseil de la paix envisagé par l’ONU et soutenu par la Banque mondiale pourrait offrir un cadre institutionnel inédit pour reconstruire et administrer le territoire. Mais sans consensus sur la force internationale de stabilisation, la mise en œuvre du plan risque d’être retardée.
Entre les exigences sécuritaires d’Israël, la méfiance d’Ankara et la prudence des bailleurs internationaux, la paix à Gaza reste suspendue à un fragile équilibre diplomatique. La composition définitive de la force de stabilisation pourrait bien en être le premier véritable test.
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