Espoir de la chloroquine : de fortes divisions entre les experts
Aujourd’hui, la question de savoir s’il faut traiter les personnes infectées par le Covid-19 avec de la chloroquine se pose. Cette interrogation, très urgente, persiste. A cause de ce qu’on peut appeler l’espoir de la chloroquine. Un débat toujours pas clos. En tous cas, les données connues sur ce traitement divisent de nombreux médecins.
Un traitement miracle ?
Avant être d’être mise en lumière par le Professeur Raoult, la chloroquine, ou hydroxychoriquine, était rarement évoquée dans le traitement du coronavirus. Mais après les prises de position très médiatisées de cet expert, les bienfaits de ce traitement « miracle » ont fait naître un puissant courant : l’espoir de la chloroquine. En France, cette possibilité de traitement est devenue un véritable phénomène de société. Un engouement très compréhensible, étant donné les milliers de décès que l’épidémie continue malheureusement à provoquer. En parallèle, les Etats-Unis mènent actuellement des études à grande échelle pour contrôler l’efficacité réelle de ce médicament, si décrié. En attendant, la chloroquine continue à diviser la communauté médicale.
Qu’est-ce que la chloroquine ?
Cette molécule, fabriquée grâce à une synthèse chimique, est un dérivé de la quinine. Un alcaloïde commercialisé, il y a plusieurs années, sous le nom de Nivaquine. Ce médicament, intensivement utilisé contre le paludisme, a été abandonné. Car après trois ou quatre décennies d’usage, le parasite responsable du paludisme a fini par développer une forte résistance à la chloroquine. Par ailleurs, il faut rappeler que comme tout médicament actif, la chloroquine peut être dangereuse. De fait, quatre grammes de cette molécule constituent une dose mortelle. Ce qui explique les accidents survenus en France ces derniers jours, dus à l’automédication. Une conséquence tragique de l’espoir de la chloroquine.
L’espoir de la chloroquine contesté
A ce jour, les résultats obtenus par le Professeur Raoult et ses travaux font toujours l’objet de vives critiques. En priorité, elles concernent sa méthodologie, qui manque de rigueur aux yeux de certains spécialistes. Ils lui reprochent une trop faible quantité de patients traités, et des essais non comparés avec l’administration d’un placebo. De plus, une équipe de l’Hôpital Saint-Louis n’a pas pu confirmer les conclusions du Professeur Raoult. Pour l’instant, on attend encore les résultats obtenus après des analyses réalisées sur des cohortes importantes de malades. Cela permettra d’évaluer plus précisément d’éventuels risques d’effets secondaires. Ainsi, une posologie optimale pourra alors être définie, pour éventuellement autoriser ce traitement.
De nouvelles données imminentes
En lançant l’essai Hycovid, le CHU d’Angers devrait bientôt pouvoir se baser sur des tests réalisés sur 1.300 patients. De quoi beaucoup mieux savoir ce que l’on peut véritablement attendre de la chloroquine. En tout état de cause, il faudra sans doute encore patienter plusieurs semaines avant de savoir si l’espoir de la chloroquine est justifié. Car seule une étude menée sur de larges volumes de malades pourra enfin valider les résultats encourageants déjà enregistrés sur de petits effectifs.
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