Les cyberattaques contre les mairies et intercommunalités explosent. Rançongiciels, vols de données, paralysie administrative : les communes doivent renforcer leur cybersécurité de toute urgence.
Une menace devenue quotidienne

Depuis 2022, les collectivités locales sont devenues l’une des cibles favorites des pirates informatiques. Cette multiplication des attaques s’explique par une combinaison de facteurs structurels : des systèmes d’information souvent obsolètes, un manque de formation des agents, une culture numérique encore inégale, une absence de sauvegardes fiables, ainsi que des budgets insuffisants pour sécuriser durablement les infrastructures. Les communes, en particulier les plus petites, se retrouvent ainsi en première ligne, fragilisées par des outils informatiques vieillissants et des équipes chargées de multiples missions. Dans un contexte où la transformation numérique avance plus vite que la capacité des collectivités à l’encadrer, la cybersécurité s’impose comme un enjeu aussi urgent que vital.
La montée des attaques : un paysage cyber en mutation
Les cybercriminels ciblent désormais les communes avec une régularité inquiétante. Les rançongiciels constituent la menace la plus répandue : un logiciel malveillant chiffre les données municipales et bloque l’accès aux systèmes jusqu’au paiement d’une rançon. À cela s’ajoutent les campagnes de hameçonnage qui visent à tromper les agents pour obtenir des identifiants sensibles, les vols de données personnelles, les intrusions dans les serveurs municipaux et les attaques sur les logiciels métiers utilisés quotidiennement par les services publics. La diversification des modes d’attaque traduit une professionnalisation croissante du cybercrime. De simples courriels piégés peuvent désormais entraîner une paralysie totale de la mairie, tandis que les réseaux informatiques intercommunaux peuvent être infiltrés via un simple équipement non mis à jour. Le moindre point de faiblesse devient une porte d’entrée.
Des conséquences lourdes et durables pour les communes
Lorsqu’une mairie est victime d’une cyberattaque, le choc est immédiat. Les services d’état civil peuvent se retrouver bloqués, empêchant la délivrance d’actes officiels ou de pièces indispensables du quotidien. Les inscriptions scolaires, les démarches administratives, les services sociaux et les portails citoyens peuvent être totalement paralysés. La communication interne disparaît et les agents doivent parfois revenir au papier et au crayon pour assurer l’essentiel. La situation devient encore plus préoccupante lorsque des données sensibles sont exfiltrées, notamment des informations personnelles sur les habitants, des documents comportant des éléments confidentiels ou encore des données financières liées à la gestion municipale. Les communes touchées mettent souvent des semaines, parfois des mois, à rétablir un fonctionnement optimal. Certaines doivent reconstruire entièrement leurs systèmes d’information, ce qui représente un coût matériel et humain considérable.
Les premières réponses : renforcer les pratiques et la culture numérique
Face à cette menace croissante, les communes doivent adopter une stratégie de protection immédiate basée sur l’amélioration des pratiques internes. La formation des agents devient indispensable pour reconnaître les tentatives de fraude, adopter les bons réflexes et signaler les comportements suspects. Les mises à jour régulières des logiciels et des équipements constituent également un premier rempart, tout comme l’installation de solutions antivirus professionnelles capables de détecter les menaces en temps réel. La double authentification, qui ajoute une seconde étape d’identification, se généralise peu à peu et réduit considérablement les risques d’intrusion. Les sauvegardes doivent enfin être pensées de manière rigoureuse, à la fois internes et externes, afin de permettre une restauration rapide des données en cas d’incident. De plus en plus de communes se tournent vers l’ANSSI pour bénéficier de conseils, d’accompagnement ou d’alertes stratégiques.
Moderniser les infrastructures : un chantier indispensable
Les solutions d’urgence ne suffisent plus. Pour faire face à une menace qui augmente en intensité et en sophistication, les communes doivent engager une modernisation profonde de leurs infrastructures numériques. Cela passe par l’installation de serveurs sécurisés capables de résister aux tentatives d’intrusion, par la mise en place de réseaux cloisonnés pour éviter la propagation d’une attaque, par l’utilisation de solutions cloud certifiées garantissant une meilleure résilience et par la réalisation d’audits réguliers pour identifier les vulnérabilités. La sécurisation des accès, la segmentation du réseau et la surveillance permanente des anomalies deviennent des standards incontournables. Ce chantier technique est souvent coûteux et exigeant, mais il représente désormais un investissement prioritaire pour garantir la continuité des services publics locaux. Les élus en sont de plus en plus conscients : la cybersécurité n’est plus un choix mais une obligation pour protéger les infrastructures et préserver la confiance des habitants.
Un enjeu majeur pour 2025–2026
Les communes se trouvent aujourd’hui confrontées à un risque cyber qui peut les mettre à l’arrêt du jour au lendemain. La paralysie administrative, les pertes de données, la désorganisation des services et l’atteinte à la confiance du public constituent des menaces bien réelles. En 2025–2026, la cybersécurité s’impose donc comme un dossier prioritaire pour tous les élus locaux. Protéger les systèmes d’information, former les équipes, moderniser les infrastructures et développer une culture numérique solide ne relèvent plus d’une simple amélioration technique : il s’agit d’un pilier essentiel de la résilience communale et d’un enjeu stratégique pour la gouvernance locale.


