La COP30, prévue à Belém au Brésil en novembre 2025, marque un tournant majeur dans la lutte mondiale contre le changement climatique. À ce moment décisif, les États devront présenter de nouveaux engagements climatiques plus ambitieux pour espérer limiter le réchauffement planétaire à +1,5 °C. Ce rendez-vous planétaire, organisé au cœur de l’Amazonie, s’annonce comme une étape décisive pour réconcilier développement économique, justice climatique et protection de la biodiversité.
Un contexte climatique alarmant qui exige une réponse mondiale urgente

Les données scientifiques récentes dressent un constat inquiétant : la température moyenne mondiale a déjà augmenté d’environ 1,2 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Les vagues de chaleur, les sécheresses et les incendies de forêts se multiplient, tandis que les épisodes extrêmes — tempêtes, inondations, cyclones — deviennent plus fréquents et plus violents.
Selon le GIEC, sans une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre (GES), la trajectoire actuelle conduit vers un réchauffement supérieur à 2,5 °C d’ici la fin du siècle. Cette situation compromettrait les équilibres écologiques, agricoles et sociaux sur toute la planète.
Face à ce constat, la COP30 représente un moment de vérité. Les États devront revoir leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) pour les rendre compatibles avec l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050.
Pourquoi Belém, au cœur de l’Amazonie, symbolise l’urgence climatique
Belém, capitale de l’État du Pará, incarne les enjeux majeurs de la COP30. Située à l’entrée de l’Amazonie, la ville est directement concernée par la déforestation, les pressions économiques et les déséquilibres environnementaux.
L’Amazonie : poumon de la planète et victime du dérèglement climatique
La forêt amazonienne absorbe environ 2 milliards de tonnes de CO₂ par an, soit près de 5 % des émissions mondiales. Pourtant, elle subit une déforestation massive, souvent liée à l’exploitation minière, à l’agriculture intensive et à l’élevage.
Entre 2019 et 2023, plus de 40 000 km² de forêt ont disparu, transformant certaines zones en émettrices nettes de carbone. Accueillir la COP30 à Belém, c’est envoyer un signal fort : la protection des forêts tropicales est au cœur de la lutte climatique mondiale.
Le Brésil, acteur clé de la transition écologique mondiale
Sous la présidence de Luiz Inácio Lula da Silva, le Brésil a réaffirmé son engagement climatique. Le gouvernement a promis de réduire la déforestation à zéro d’ici 2030 et de renforcer la participation des peuples autochtones à la gestion des terres.
Le pays souhaite aussi jouer un rôle moteur dans la coopération Sud-Sud, en partageant des technologies vertes et en soutenant la transition énergétique des pays émergents.
Les objectifs principaux de la COP30

Rehausser les ambitions nationales
Les États membres devront présenter des plans plus ambitieux de réduction des émissions. L’enjeu est d’aligner les CDN sur la trajectoire de +1,5 °C.
- Réduire les émissions mondiales de 43 % d’ici 2030 par rapport à 2019.
- Accélérer la sortie du charbon, du pétrole et du gaz.
- Renforcer la part des énergies renouvelables dans les mix énergétiques nationaux.
Ces nouvelles promesses seront scrutées, car la COP28 à Dubaï avait montré un fossé entre les annonces et les actions réelles.
Financer la transition dans les pays du Sud
Un autre pilier essentiel est le financement climatique. Les pays industrialisés doivent tenir leur promesse de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour soutenir les pays en développement.
Ce financement vise à :
- financer les projets d’adaptation aux effets du changement climatique ;
- soutenir la transition énergétique et la décarbonation des économies locales ;
- indemniser les pays les plus touchés par les pertes et dommages climatiques.
Belém pourrait marquer la naissance d’un nouveau pacte financier mondial, plus équitable et plus transparent.
Protéger la biodiversité et renforcer la justice climatique
La COP30 ne se limitera pas au climat. Elle sera aussi l’occasion d’aborder la protection de la biodiversité, la restauration des écosystèmes et la défense des populations vulnérables.
Les peuples autochtones, souvent en première ligne, demandent une reconnaissance accrue de leur rôle. Leur savoir traditionnel est désormais considéré comme un pilier de la conservation durable.
Les grands débats attendus à Belém
Sortir progressivement des énergies fossiles
Le débat sur la sortie des énergies fossiles sera central. Si la COP28 a marqué une avancée en reconnaissant pour la première fois la nécessité de « transitionner hors des combustibles fossiles », la COP30 devra définir un calendrier concret.
Les ONG réclament un accord contraignant fixant une date de fin de subventions publiques aux énergies fossiles et une augmentation massive des investissements dans les renouvelables.
Accélérer la décarbonation industrielle
Les grandes entreprises seront également sous pression. L’industrie, responsable d’environ 30 % des émissions mondiales, doit accélérer sa transformation. Les États devraient présenter des cadres incitatifs pour développer :
- la production d’hydrogène vert ;
- la capture et le stockage du carbone (CCS) ;
- l’économie circulaire et la réduction des déchets industriels.
Le rôle des villes et des territoires
Les collectivités locales joueront un rôle croissant dans la mise en œuvre des politiques climatiques.
De nombreuses villes s’engagent déjà à :
- développer des transports publics bas carbone ;
- verdir les bâtiments ;
- favoriser les circuits courts alimentaires.
Belém pourrait servir de modèle pour d’autres métropoles tropicales confrontées à la montée des eaux et à l’urbanisation rapide.
Un rendez-vous diplomatique à haut risque
Les fractures Nord-Sud persistent
La question de la responsabilité historique reste au cœur des négociations. Les pays du Sud estiment qu’ils subissent les effets du changement climatique sans en être les principaux responsables.
Ils exigent des engagements financiers clairs et un accès facilité aux technologies vertes.
Les pays du Nord, eux, craignent des engagements financiers trop lourds dans un contexte économique incertain.
La Chine, les États-Unis et l’Union européenne sous les projecteurs
Ces trois blocs concentrent plus de 50 % des émissions mondiales. Leur leadership sera déterminant.
- La Chine investit massivement dans les énergies renouvelables, mais reste dépendante du charbon.
- Les États-Unis poursuivent leurs efforts grâce à l’Inflation Reduction Act, mais le résultat des élections de 2024 pourrait modifier leur trajectoire.
- L’Union européenne, pionnière du Pacte vert, pousse pour un accord global sur la taxe carbone aux frontières.
Belém sera donc un test pour mesurer la volonté réelle de coopération entre grandes puissances.
Une participation élargie de la société civile
Les jeunes et les ONG en première ligne
La COP30 devrait accueillir des dizaines de milliers de participants, dont de nombreux militants, associations et jeunes leaders.
Leur message est clair : les promesses ne suffisent plus, il faut agir.
Des mouvements comme Fridays for Future ou Extinction Rebellion appellent à une transition juste, qui tienne compte des emplois, de la justice sociale et de la sécurité énergétique.
Le rôle des médias et des réseaux sociaux
La communication autour de la COP30 sera essentielle pour mobiliser les citoyens. Les médias et les plateformes numériques auront pour mission de vulgariser les enjeux, mais aussi de vérifier la cohérence entre discours et actes.
Les journalistes, influenceurs et scientifiques jouent un rôle clé dans la lutte contre la désinformation climatique.
Vers un nouveau modèle de développement durable
La COP30 pourrait déboucher sur une redéfinition du modèle économique mondial. La croissance verte, fondée sur les énergies propres, l’efficacité énergétique et la sobriété, apparaît comme la seule voie viable.
L’économie circulaire, levier d’avenir
Recycler, réutiliser, réparer : ces actions deviennent centrales pour réduire les émissions et limiter la consommation de ressources.
Les entreprises qui intègrent ces principes gagnent en compétitivité et en crédibilité écologique.
Innovation et technologies propres
Les innovations dans les batteries, les réseaux intelligents, l’agriculture durable et les matériaux biosourcés ouvrent de nouvelles perspectives.
Les start-ups et les grands groupes investissent dans ces solutions pour accélérer la transition.
La COP30 à Belém sera bien plus qu’un sommet diplomatique. C’est une étape décisive pour l’avenir climatique de la planète. Le monde attend des engagements concrets, des financements réels et une solidarité accrue entre nations.
Limiter le réchauffement à +1,5 °C reste possible, mais le temps presse.
Belém doit être le point de départ d’une action climatique mondiale cohérente, ambitieuse et équitable, à la hauteur de l’urgence écologique et sociale que nous vivons.
La réussite de la COP30 dépendra de la capacité des États à transformer leurs promesses en actes concrets. L’humanité n’a plus le luxe de tergiverser. Chaque dixième de degré compte, chaque action aussi.



