Réunis à Paris pour leur grand rendez-vous annuel, les maires ont exprimé un profond sentiment d’essoufflement. Face à l’affaiblissement des finances locales et à la succession de crises, ils redoutent de débuter le mandat 2026–2032 sans visibilité budgétaire.

Le Congrès des maires 2025 s’est déroulé dans une atmosphère lourde, teintée d’une fatigue accumulée au fil d’un mandat exceptionnellement éprouvant. La succession de crises sanitaires, sociales, environnementales, économiques et internationales a profondément marqué l’action locale. Au moment où les élus s’apprêtent à tourner la page d’un cycle municipal hors normes, une inquiétude domine : comment préparer le futur mandat alors que les marges financières se réduisent et que la trajectoire budgétaire nationale impose de nouvelles restrictions ?

Un mandat 2020–2026 marqué par une accumulation de crises

En clôture du congrès, les prises de parole ont rappelé l’ampleur du choc subi par les communes depuis 2020. Les maires ont dû gérer les urgences sanitaires, soutenir les populations fragilisées, absorber les tensions inflationnistes, répondre aux urgences climatiques et faire face à une hausse des attentes quotidiennes des habitants. L’enchaînement de ces crises a laissé peu de répit aux équipes municipales, qui ont dû arbitrer dans l’urgence, souvent avec des moyens limités.

Cette période a aussi mis en évidence la place centrale des communes dans la cohésion sociale et territoriale. Partout, elles ont assuré la continuité des services essentiels, soutenu l’activité économique locale et organisé la résilience dans un contexte d’incertitude prolongée. Mais cet engagement a un coût, et il se traduit aujourd’hui par une fragilisation profonde des finances municipales.

Une visibilité budgétaire quasi inexistante pour 2026

L’examen du projet de loi de finances 2026, centré sur le redressement des comptes publics, inquiète largement les élus. La réduction du déficit national et la maîtrise de la dette imposent des arbitrages qui se répercutent directement sur les communes. Les dotations progressent peu, les contraintes se multiplient, et les élus peinent à anticiper les moyens dont ils disposeront pour lancer les projets structurants du futur mandat.

Cette incertitude complique la transition entre deux cycles municipaux. Alors que les communes doivent préparer des investissements majeurs en matière d’écologie, de rénovation des équipements publics, de mobilités et de développement territorial, elles avancent sans assurance sur la capacité réelle à financer ces politiques. Le risque est de reporter ou de réduire l’ambition des projets, au moment même où les habitants attendent davantage de proximité, d’efficacité et de lisibilité dans l’action publique.

Une volonté intacte d’avancer malgré les contraintes

Malgré la lassitude exprimée par de nombreux élus au cours du congrès, un message domine : la détermination à poursuivre l’action locale demeure. Les maires continuent de se percevoir comme les acteurs essentiels de la résilience des territoires. Cette conviction nourrit leur volonté de s’engager dans le mandat à venir, même dans un contexte financier resserré.

Les échanges du congrès ont également mis en lumière la nécessité d’un dialogue renouvelé entre l’État et les collectivités. Les élus demandent davantage de stabilité, de prévisibilité et de confiance pour bâtir des politiques publiques durables. La période 2026–2032 sera charnière : elle conditionnera la capacité des communes à accélérer la transition écologique, à moderniser leurs services publics et à répondre aux mutations sociales.