On entend parler d’un appel au boycott de la carte bancaire pour le 10 septembre. L’idée vient de groupes qui veulent protester contre certaines politiques. On voit que ça circule pas mal sur les réseaux sociaux, et même que certains politiques commencent à s’y intéresser. Mais qu’est-ce que ça veut dire concrètement ? Et est-ce que ça va vraiment marcher ? On fait le point sur cette initiative qui fait parler d’elle.

10 Septembre

Le 10 septembre, une journée qui s’annonce mouvementée. L’idée vient d’un appel lancé sur Telegram par un compte souverainiste, « Les essentiels ». Le but ? Faire la France

François Bayrou

François Bayrou, figure du gouvernement, a tenté de communiquer directement avec les citoyens. Il a lancé une série de vidéos intitulées « FB direct » pour expliquer les mesures économiques. Il a aussi créé une plateforme « Agora » pour recueillir les avis. Bayrou s’attend à des critiques, comme il le dit lui-même : « Je préviens à l’avance : je ne répondrai pas aux injures ».

Face à la contestation, le gouvernement cherche à expliquer ses choix. L’objectif est de montrer que:

  • Les réformes demandent des efforts.
  • Il faut partager la contrainte.
  • Le dialogue avec les Français est nécessaire.

Cependant, ces efforts de communication peinent à convaincre une partie de la population, qui appelle à des actions comme le boycott de la carte bancaire le 10 septembre.

Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon, figure de La France Insoumise, surfe sur la vague de contestation qui monte. Il voit dans l’appel au boycott de la carte bancaire du 10 septembre une opportunité de se placer au centre du jeu politique. Mélenchon cherche à montrer que son parti est la seule opposition sérieuse face au gouvernement actuel. Il compte bien utiliser cet événement pour lancer la rentrée politique, un peu comme il l’avait fait l’année précédente en proposant la destitution du président Macron. L’idée est de se refaire une place sur le devant de la scène, surtout à gauche, et ce, juste avant les universités d’été de son mouvement. Il veut que La France Insoumise soit vue comme le moteur de la contestation, partageant les revendications de ce mouvement, notamment le retrait du plan proposé par François Bayrou. Mélenchon espère ainsi créer une convergence des luttes, une idée qui lui tient à cœur, et ne lâche rien sur la pression de la rue.

La France Insoumise

La France Insoumise s’est rapidement positionnée sur le mouvement du 10 septembre. Le parti voit là une occasion de marquer son opposition au gouvernement et de se distinguer des autres forces politiques. Ils partagent les revendications principales de ce mouvement, notamment le retrait du plan de François Bayrou. Jean-Luc Mélenchon a même annoncé une rentrée politique axée sur la contestation, cherchant à surfer sur la vague de mécontentement populaire. L’objectif est clair : se présenter comme la seule alternative crédible face à Emmanuel Macron et à la majorité actuelle. Ils veulent montrer qu’ils sont prêts à agir, contrairement à d’autres qui restent plus en retrait. C’est une stratégie pour capter l’attention et mobiliser leur électorat, en se plaçant au centre du jeu politique, surtout à gauche. Ils soutiennent l’initiative citoyenne, mais rappellent que leur propre action se fera par des moyens qui leur sont propres. En gros, ils sont pour le mouvement, mais à leur manière.

Gilets Jaunes

Le mouvement des Gilets Jaunes, qui a secoué la France en 2018, semble vouloir refaire surface. Des appels circulent sur les réseaux sociaux pour une action le 10 septembre, visant à bloquer le pays. L’idée est de reprendre le pouvoir par l’insoumission et le boycott.

Les revendications initiales des Gilets Jaunes portaient sur le pouvoir d’achat et la justice fiscale. Aujourd’hui, ces préoccupations semblent toujours d’actualité, avec une colère qui gronde face aux politiques d’austérité.

Ce qui distingue cette nouvelle vague, c’est l’appel à un boycott généralisé :

  • Refus de l’utilisation des cartes bancaires pour paralyser le système financier.
  • Journée sans achats pour impacter l’économie.
  • Journée sans travail ni école pour marquer une pause collective.

Les syndicats, prudents après l’expérience de 2018 où ils étaient restés en retrait, observent la situation. Ils craignent que ces mouvements spontanés échappent à tout contrôle, comme cela avait été le cas avec les Gilets Jaunes. Cependant, une partie des militants syndicaux appellent leurs directions à ne pas reproduire les erreurs du passé et à soutenir la mobilisation, car certaines revendications convergent.

Réseaux Sociaux

C’est sur les réseaux sociaux que l’appel au boycott de la carte bancaire le 10 septembre a vraiment pris son envol. Lancé d’abord sur une chaîne Telegram par un compte souverainiste, le mouvement s’est rapidement propagé, notamment sur X (anciennement Twitter). Le hashtag #BloquonsTout est devenu le point de ralliement pour ceux qui veulent exprimer leur mécontentement. On voit des appels à ne pas sortir, à ne pas travailler, à ne pas acheter, juste pour marquer le coup et montrer une forme de pouvoir citoyen.

Plusieurs groupes se sont emparés de l’idée :

  • Le mouvement des « Gueux » d’Alexandre Jardin s’est joint à la cause, même s’ils ont d’abord ciblé la loi sur l’énergie et la hausse des tarifs.
  • Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise ont vu là une opportunité pour relayer le mouvement, le poussant vers la gauche et l’extrême gauche.
  • Même si les syndicats traditionnels restent prudents, certains militants les poussent à rejoindre le mouvement, de peur de reproduire les erreurs faites avec les « gilets jaunes » où ils étaient restés en retrait.

Cependant, il y a aussi un sentiment de méfiance. Certains observateurs voient ces plateformes comme un simple « défouloir » pour les complotistes, et doutent que le mouvement prenne réellement de l’ampleur. François Bayrou a bien tenté de répondre via des vidéos « FBdirect », mais le succès n’a pas été au rendez-vous. Le gouvernement lance aussi une plateforme « Agora » pour recueillir les avis, mais on sent bien que la communication peine à convaincre face à la colère qui gronde en ligne.

Syndicats

Les syndicats se retrouvent dans une position délicate face à l’appel à boycotter la carte bancaire le 10 septembre. D’un côté, plusieurs de leurs revendications, notamment le rejet des orientations budgétaires jugées « brutales » par un communiqué commun, font écho à la colère exprimée par les groupes contestataires. Certains militants syndiqués poussent leurs directions à ne pas reproduire les erreurs passées, comme lors du mouvement des « gilets jaunes » où les syndicats étaient restés en retrait par crainte de dérives. La CGT, par exemple, voit plusieurs de ses branches, comme la chimie et le commerce, appeler à rejoindre la mobilisation. Des discussions internes sont en cours pour harmoniser les positions. D’autres centrales, comme la CFDT et la CFTC, bien que prudentes, n’excluent pas une mobilisation si aucune évolution n’est constatée d’ici début septembre. Force Ouvrière a même lancé un préavis de grève dès le 1er septembre, une manière de mettre la pression tout en gardant une marge de manœuvre. La question centrale reste de savoir si les syndicats vont s’engager pleinement dans cette initiative citoyenne, qui pourrait être une occasion de faire pression sur le gouvernement. Cependant, la nécessité d’un cadre pour toute action est souvent rappelée, l’entreprise étant vue comme le lieu pertinent pour bloquer le pays, et la grève comme un outil qui nécessite l’organisation syndicale. Il faut dire que les syndicats ont des règles à respecter pour organiser des mouvements, comme le rappelle la législation sur les majorités nécessaires pour appeler à la grève, qui peut être vue comme une ingérence de l’État dans les activités syndicales. Les syndicats restent donc vigilants, observant l’évolution de la situation et pesant le pour et le contre avant de s’engager dans une mobilisation potentiellement incontrôlable, tout en cherchant à défendre les intérêts des travailleurs. Ils attendent de voir si des évolutions significatives auront lieu avant de prendre une décision définitive concernant leur participation à l’appel du 10 septembre, tout en gardant à l’esprit la nécessité de défendre les intérêts des salariés.

CGT

La CGT, un syndicat historique en France, réagit à l’appel au boycott de la carte bancaire. Thomas Vacheron, secrétaire confédéral de la CGT, a commenté la situation dans les colonnes de L’Humanité. Il reconnaît la légitimité de la colère populaire qui s’exprime dans le pays. Cependant, il rappelle que l’action la plus efficace pour faire pression se déroule dans l’entreprise. Pour lui, c’est là que les richesses sont créées, et donc là où les revendications doivent être portées. Il insiste sur le fait qu’une grève ne peut se faire sans l’encadrement d’un syndicat. La CGT cherche donc à canaliser cette énergie contestataire vers des actions structurées et organisées, privilégiant le terrain de l’entreprise comme lieu de mobilisation principal.

CFDT

La CFDT, la première centrale syndicale en France, se trouve face à un choix délicat concernant l’appel au boycott de la carte bancaire le 10 septembre. Bien que la secrétaire générale, Marylise Léon, ait laissé entendre que la mobilisation n’était « pas du tout exclue », le syndicat n’a pas officiellement rejoint l’appel. Cette position prudente s’explique en partie par le souvenir du mouvement des « gilets jaunes ». À l’époque, la CFDT, sous la direction de Laurent Berger, avait pris ses distances, craignant le manque de structure et la proximité de certains leaders avec des mouvances extrémistes. Ils avaient souligné l’absence d’un corps intermédiaire capable de canaliser les revendications et de proposer des solutions. Aujourd’hui, le syndicat semble vouloir éviter de reproduire ces erreurs. Une réunion intersyndicale est prévue début septembre pour définir une stratégie commune, ce qui pourrait influencer leur décision finale. La CFDT cherche un équilibre entre soutenir la colère populaire, qui rejoint certaines de leurs propres revendications comme le rejet des orientations budgétaires, et maintenir un cadre syndical clair pour éviter les dérives.

Force Ouvrière

Force Ouvrière (FO) n’a pas attendu la rentrée pour marquer son territoire. Le syndicat a lancé un préavis de grève dès le 1er septembre. C’est une manière de mettre la pression sur le gouvernement, tout en gardant une certaine flexibilité quant à sa participation au mouvement du 10 septembre. L’organisation semble vouloir se positionner stratégiquement, un peu comme elle l’a fait par le passé. On sent une volonté de ne pas reproduire les erreurs commises lors du mouvement des « gilets jaunes », où les syndicats traditionnels étaient restés en retrait, craignant la proximité avec des idées extrémistes. FO cherche donc un équilibre : montrer sa force sans se laisser entraîner dans des dérives qui échapperaient à son contrôle. La question de savoir si FO rejoindra activement le blocage du 10 septembre reste donc en suspens, mais le préavis de grève montre clairement que le syndicat est prêt à agir si nécessaire.

Et après le 10 septembre ?

Alors que la date du 10 septembre approche, l’ampleur réelle de cette mobilisation reste floue. Les syndicats traditionnels, prudents, observent la situation, craignant de se faire déborder par des mouvements qu’ils ne contrôlent pas, un peu comme avec les Gilets Jaunes. Pendant ce temps, les appels à bloquer le pays circulent sur les réseaux sociaux, attirant diverses sensibilités politiques, de l’extrême droite à La France Insoumise. Reste à voir si cette colère, exprimée en ligne, se traduira par une action concrète et massive le jour J, ou si elle s’éteindra comme une étincelle dans le grand défouloir qu’est devenu internet. Une chose est sûre, le gouvernement reste à l’écoute, prêt à gérer les mécontentements qui pourraient éclater.