Une campagne de vaccination nationale élargie à un nouveau vaccin

Le ministère de la Santé a donné le coup d’envoi d’une nouvelle étape majeure dans la prévention des maladies infectieuses à l’école. Dès cette année, la campagne de vaccination gratuite au collège s’élargit à un nouveau vaccin : celui contre les méningocoques ACWY. Une décision saluée par les autorités sanitaires, qui veulent renforcer la protection des adolescents face à des infections graves mais évitables.
Depuis deux ans, les collégiens de 11 à 14 ans pouvaient déjà bénéficier gratuitement du vaccin contre les papillomavirus humains (HPV), proposé directement dans les établissements scolaires. Désormais, cette initiative inclura également la vaccination contre les méningites à méningocoques, responsables chaque année de cas parfois dramatiques en France.
L’enjeu de santé publique est clair : protéger plus tôt, plus largement et plus équitablement les jeunes contre des maladies graves, tout en réduisant les inégalités d’accès à la prévention.
Un élargissement décidé pour faire face à la recrudescence des cas
La décision d’élargir la campagne au vaccin contre les méningocoques ACWY ne doit rien au hasard. Depuis 2023, les autorités observent une recrudescence progressive des infections invasives à méningocoques, notamment parmi les adolescents et les jeunes adultes.
Ces bactéries, bien que rares, peuvent provoquer des méningites fulgurantes et des septicémies mortelles. Le risque est particulièrement élevé dans les lieux où les jeunes vivent ou se côtoient de manière prolongée, comme les internats, les foyers étudiants ou les casernes.
Le ministère de la Santé a donc suivi les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), qui préconise depuis l’an dernier une vaccination systématique entre 11 et 14 ans. L’objectif est de renforcer la couverture immunitaire dès le collège, avant les années lycéennes, où les risques de transmission augmentent.
Cette mesure complète les campagnes déjà menées pour les nourrissons et les jeunes enfants, et permettra de couvrir les quatre principales souches de méningocoques : A, C, W et Y.
Une injection gratuite et proposée directement dans les collèges
Comme pour la vaccination contre le HPV, la campagne repose sur un dispositif simple : les collégiens reçoivent une autorisation parentale à signer et peuvent ensuite être vaccinés gratuitement au sein de leur établissement.
Le coût est entièrement pris en charge par l’Assurance maladie et l’État. Les injections sont réalisées par des infirmiers scolaires ou des professionnels de santé partenaires, selon un calendrier défini avec chaque rectorat.
Cette approche de proximité permet de lever les freins logistiques et financiers qui limitent souvent la vaccination. De nombreuses familles ne consultent pas pour ce type de vaccin, faute d’information, de disponibilité ou de moyens. En l’apportant directement à l’école, les autorités espèrent atteindre un taux de couverture supérieur à 80 %, seuil considéré comme optimal pour protéger la population.
Méningocoques ACWY : un vaccin à large spectre
Le vaccin contre les méningocoques ACWY est un vaccin conjugué, c’est-à-dire qu’il offre une protection contre quatre souches différentes de la bactérie Neisseria meningitidis. Ces souches sont responsables de la majorité des méningites bactériennes graves observées en Europe.
Jusqu’ici, la France vaccinait principalement contre le méningocoque C, responsable d’épidémies dans les années 2010. Mais l’évolution récente des souches circulantes, notamment le retour du méningocoque W, a rendu cette couverture partielle insuffisante.
En 2024, plus d’un tiers des cas recensés étaient dus à des souches W ou Y, selon Santé publique France. Cette tendance justifie l’adoption d’un vaccin plus complet, capable de prévenir une gamme plus large d’infections.
Les autorités rappellent que les vaccins ACWY sont sûrs, bien tolérés et déjà utilisés dans plusieurs pays européens comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas, où ils ont permis de réduire de 90 % les cas graves chez les adolescents.
Une continuité avec la vaccination contre le papillomavirus
L’élargissement de la campagne ne remplace pas la vaccination contre le papillomavirus (HPV), mais vient la compléter. Ce vaccin, recommandé pour les filles et les garçons dès 11 ans, protège contre plusieurs cancers liés à des infections virales persistantes, notamment du col de l’utérus, de la gorge et du rectum.
Lancée à grande échelle en 2023, la campagne HPV a permis à plus de 850 000 collégiens de recevoir au moins une dose, avec un taux de participation de près de 50 %. Si ce chiffre reste inférieur aux objectifs initiaux, il marque un progrès net dans un pays longtemps en retard sur la couverture vaccinale anti-HPV.
L’intégration du vaccin méningococcique au même dispositif vise à capitaliser sur cette logistique déjà en place. Les équipes de santé scolaire sont formées, les circuits administratifs rodés, et les familles désormais habituées à la démarche.
Une politique de santé publique axée sur la prévention à l’école
En intégrant la vaccination dans le quotidien scolaire, le gouvernement poursuit une stratégie de santé publique proactive. Les campagnes menées dans les collèges permettent de toucher l’ensemble d’une classe d’âge, sans distinction sociale ni géographique.
Cette approche favorise la prévention précoce, car les adolescents constituent une population clé pour la transmission de nombreuses infections respiratoires ou virales. En les immunisant avant qu’ils ne deviennent des vecteurs, on protège aussi les plus fragiles : jeunes enfants, personnes âgées, malades chroniques.
Le ministère de la Santé estime que chaque euro investi dans la vaccination rapporte jusqu’à cinq euros d’économies sur le long terme, en réduisant les hospitalisations et les séquelles lourdes.
Des chiffres qui témoignent d’un enjeu sanitaire réel
Les infections invasives à méningocoques, bien que rares, sont redoutables. En 2024, plus de 500 cas ont été recensés en France, dont près de 10 % chez les adolescents. Le taux de mortalité reste élevé, autour de 10 %, et près d’un survivant sur cinq conserve des séquelles neurologiques ou auditives.
Ces chiffres expliquent la vigilance des autorités sanitaires. Les flambées de méningite se produisent souvent de manière imprévisible, avec des foyers localisés pouvant toucher plusieurs établissements scolaires.
La vaccination permet de réduire drastiquement le risque d’épidémie. Les pays ayant adopté une stratégie systématique chez les adolescents ont observé une disparition quasi complète des cas en moins de cinq ans.
Les acteurs mobilisés sur le terrain
Pour assurer le bon déroulement de la campagne, un partenariat étroit a été mis en place entre les rectorats, les agences régionales de santé et les collectivités territoriales. Chaque établissement désigne un référent santé chargé de la coordination logistique.
Les équipes d’infirmiers scolaires interviennent avec le soutien de médecins volontaires. Des séances d’information sont organisées avant les campagnes pour rassurer les familles et répondre aux interrogations.
Les enseignants et personnels éducatifs sont également impliqués, car leur rôle d’intermédiaire entre les familles et les services de santé reste essentiel.
L’ensemble du dispositif repose sur une communication claire, transparente et pédagogique, visant à lutter contre la désinformation et les peurs infondées qui entourent encore la vaccination.
Une campagne placée sous le signe de la confiance
Pour convaincre, les autorités sanitaires misent sur la transparence et la pédagogie. Les parents reçoivent un dossier complet expliquant les bénéfices, les risques et le fonctionnement du vaccin.
Les effets secondaires rapportés sont généralement bénins : douleur au point d’injection, légère fièvre ou fatigue passagère. Les incidents graves restent extrêmement rares.
La communication s’appuie aussi sur les résultats concrets : depuis l’introduction du vaccin HPV au collège, aucun incident majeur n’a été signalé. Les experts y voient la preuve que les campagnes scolaires sont sûres et efficaces lorsqu’elles sont bien encadrées.
Un pari sur la jeunesse pour renforcer l’immunité collective
L’intégration du vaccin contre les méningocoques ACWY dès 11 ans illustre une conviction forte : la prévention doit commencer tôt. Les adolescents constituent un public prioritaire pour renforcer l’immunité collective, car ils sont à la fois actifs socialement et exposés à de nouveaux environnements.
La stratégie adoptée par la France rejoint celle de nombreux pays européens, où la vaccination scolaire est devenue un pilier de la santé publique. En renforçant la couverture vaccinale des jeunes, on réduit indirectement la circulation des bactéries dans l’ensemble de la population.
Cette logique de protection élargie s’inscrit dans le Plan national pour la santé des jeunes 2025-2030, qui prévoit d’autres campagnes similaires dans les années à venir, notamment autour de la santé mentale et de la nutrition.
Une extension appelée à s’élargir encore
Le succès des campagnes précédentes ouvre la voie à une évolution progressive du dispositif. Bercy et le ministère de la Santé étudient déjà la possibilité d’intégrer, à moyen terme, d’autres vaccins recommandés mais encore peu couverts, comme ceux contre la coqueluche ou la grippe saisonnière chez les jeunes fragiles.
À terme, chaque rentrée scolaire pourrait devenir un rendez-vous de santé publique, combinant dépistages, vaccinations et sensibilisation aux comportements à risque.
Cette approche intégrée fait consensus : elle permet d’optimiser les ressources publiques tout en améliorant la santé globale de la population.
En conclusion : une école au cœur de la prévention
Avec l’élargissement de la vaccination gratuite au méningocoque ACWY, la France franchit une nouvelle étape décisive dans la protection des adolescents.
L’objectif est clair : offrir à chaque élève, dès 11 ans, une protection complète contre les infections graves, indépendamment de son milieu social ou géographique.
En combinant la prévention du HPV et celle des méningites bactériennes, le gouvernement mise sur une approche globale de la santé des jeunes. Une génération mieux protégée aujourd’hui, c’est une population plus résiliente demain.
Les prochaines semaines seront consacrées à la mise en œuvre concrète de la campagne dans les établissements. Mais une chose est déjà certaine : cette politique de santé scolaire, ancrée dans la proximité et la confiance, est appelée à devenir un modèle durable de prévention en France.


