À l’approche de la venue du Premier ministre au Salon des maires, les représentants de l’AMF ont multiplié les avertissements. Entre un budget 2026 jugé hostile aux collectivités et un nouvel acte de décentralisation qui ne suscite plus guère d’espoir, les élus locaux expriment une lassitude profonde face à un État perçu comme toujours plus contraignant.
Un mandat épuisant et saturé de crises

Pour David Lisnard, président de l’Association des maires de France, le mandat 2020–2026 aura traversé des turbulences inédites. De la pandémie à l’inflation, en passant par la succession de chocs économiques, les maires ont assumé sans relâche des missions qui se sont élargies sans compensation. L’expression d’un passage « du confinement au capharnaüm national » traduit la manière dont les édiles ont vécu ces années de gestion en urgence permanente, avec des injonctions changeantes et un État central jugé peu fiable.
Un budget 2026 ressenti comme une mise sous pression
Le projet de loi de finances continue d’alimenter la colère. Les élus dénoncent un texte qui multiplie les contraintes financières et ajoute des charges sans ressources nouvelles. Les maires rappellent qu’au comité national d’évaluation des normes, vingt-sept textes leur ont été présentés à un moment où l’exécutif était en transition : chacun d’eux impliquait, selon l’AMF, des dépenses supplémentaires. Cette accumulation alimente un sentiment d’étouffement budgétaire, dans un contexte où les marges locales se réduisent.
La décentralisation, un horizon brouillé
Alors que le gouvernement évoque un nouveau chantier de décentralisation, les élus ne se font plus d’illusions. Les annonces successives ont laissé place à un scepticisme profond, nourri par l’expérience des années récentes : recentralisations, normes accrues, compétences floues et difficulté à agir dans la durée. Les maires estiment que le discours gouvernemental peine à se traduire en libertés réelles pour les territoires, renforçant l’idée d’un modèle de gouvernance devenu illisible.
Une fatigue institutionnelle à la veille du renouvellement
À quelques mois des municipales 2026, cette prise de parole collective marque un tournant. Les maires, présents en nombre inédit au Salon, expriment non seulement leur inquiétude mais aussi une forme d’épuisement. Ils rappellent que la relation entre l’État et les communes ne peut plus reposer sur l’empilement de normes, de contrôles et d’obligations financières. Pour beaucoup, le prochain mandat ne pourra s’ouvrir sereinement que si un changement clair de méthode intervient.
Les tensions accumulées au fil du quinquennat rendent indispensable une clarification des responsabilités et des moyens, faute de quoi les promesses de décentralisation resteront lettre morte.


