Une réforme énergétique majeure entre en vigueur

Depuis le 1er novembre 2025, les Français doivent changer leurs habitudes électriques. Les heures creuses d’EDF, longtemps fixées de nuit, ont été entièrement repensées. L’objectif : adapter la consommation aux nouveaux rythmes de production, notamment liés à l’essor de l’énergie solaire.
Cette réforme, introduite dans le cadre du projet TURPE 7, modifie profondément les créneaux de tarification réduite. Désormais, les foyers disposent de deux grandes plages d’électricité moins chère : une nocturne, de 23 h à 7 h, et une diurne, de 11 h à 17 h.
Ce changement marque la fin d’une organisation pensée pour les centrales nucléaires. Il s’agit d’un virage historique, qui incite à consommer lorsque la production d’énergie renouvelable est la plus forte, et à réduire la demande lors des pics de tension du soir.
Pourquoi EDF change les heures creuses
Pendant des décennies, les heures creuses avaient une logique simple : pousser les consommateurs à utiliser l’électricité la nuit, période où les centrales nucléaires produisaient plus qu’il n’en fallait. Mais le paysage énergétique a radicalement changé.
La France développe désormais des capacités massives de production solaire, dont le pic intervient en milieu de journée. Les anciens horaires ne correspondaient plus à la réalité du réseau. Cette distorsion entraînait une sous-utilisation des énergies vertes et des tensions ponctuelles à d’autres moments de la journée.
EDF et le gestionnaire du réseau Enedis ont donc décidé d’adapter les tarifs à la production réelle, en incitant les foyers à consommer davantage entre 11 h et 17 h, période où les panneaux solaires alimentent massivement le réseau.
Le résultat attendu est double : réduire la facture des ménages et stabiliser le système électrique. En favorisant une consommation plus intelligente, la France espère aussi limiter le recours aux centrales thermiques polluantes pendant les pics du soir.
De nouvelles plages horaires plus flexibles
Les nouvelles heures creuses reposent sur un principe de répartition saisonnière et géographique. Si les grandes plages nationales sont fixées, chaque foyer peut observer de légères différences selon sa région et son fournisseur.
Les créneaux nocturnes, entre 23 h et 7 h, restent stables. Ils correspondent aux périodes de faible demande, où le coût de l’électricité sur le marché est le plus bas.
Les heures creuses diurnes, en revanche, constituent la grande nouveauté de cette réforme. Situées entre 11 h et 17 h, elles permettent de profiter des excédents de production solaire. Cette fenêtre profite aussi à ceux qui travaillent depuis leur domicile, une habitude désormais bien ancrée depuis la généralisation du télétravail.
Selon EDF, ces six heures en journée pourraient permettre jusqu’à 15 % d’économies supplémentaires sur la facture annuelle, à condition d’adapter ses usages et d’éviter les pics entre 7 h et 11 h, puis entre 17 h et 23 h.
Comment adapter ses appareils pour profiter des nouveaux horaires
Avec cette réorganisation, l’enjeu est simple : synchroniser ses appareils énergivores avec les heures creuses. Pour les foyers équipés d’un compteur Linky, la transition est automatique. Ces compteurs connectés reçoivent les nouveaux créneaux à distance, sans intervention nécessaire.
Pour les autres, quelques ajustements suffisent. Les chauffe-eau électriques doivent être reprogrammés pour se déclencher pendant les nouvelles plages de tarif réduit. Il en va de même pour les lave-linge, sèche-linge et lave-vaisselle.
EDF recommande aussi l’utilisation de prises connectées et de programmateurs intelligents, qui permettent de lancer les cycles au bon moment. Certains modèles détectent même automatiquement les périodes les moins chères.
Pour les véhicules électriques, les bornes de recharge compatibles peuvent être configurées afin de démarrer la charge uniquement en heures creuses. Une simple manipulation dans l’application mobile du fournisseur permet de réaliser d’importantes économies.
Les nouveaux réflexes à adopter
L’efficacité de cette réforme repose sur la discipline des consommateurs. En reportant certains usages à la nuit ou au milieu de la journée, les ménages peuvent alléger leur facture tout en soutenant la transition énergétique.
Le premier réflexe consiste à débrancher les appareils non essentiels pendant les heures pleines, notamment entre 7 h et 11 h et après 17 h. Les appareils en veille consomment parfois plus qu’on ne le pense.
Il est également recommandé de lancer les gros électroménagers en différé. Un lave-linge de 2 kWh, utilisé en heures pleines, coûte presque deux fois plus cher qu’en heures creuses. Sur une année, cette simple habitude peut générer jusqu’à 200 euros d’économies selon la taille du foyer.
Enfin, les particuliers doivent surveiller leur puissance souscrite. Une puissance trop élevée augmente le coût de l’abonnement sans utilité réelle. En adaptant ce paramètre à sa consommation réelle, on peut économiser sans effort.
Les avantages pour les foyers équipés de panneaux solaires
Cette réforme bénéficie particulièrement aux foyers équipés d’installations photovoltaïques. En calant les heures creuses sur la production solaire, EDF crée une synergie directe entre autoconsommation et tarifs avantageux.
Les particuliers peuvent désormais consommer leur propre électricité en journée tout en profitant d’un tarif réduit sur le réseau pour compléter leurs besoins. Cette double optimisation favorise la rentabilité des installations solaires, tout en réduisant la dépendance aux fluctuations du marché.
Les experts estiment qu’un ménage équipé de 6 kWc de panneaux photovoltaïques, utilisant ses appareils entre 11 h et 17 h, peut réduire sa facture annuelle de près de 30 %.
Les enjeux environnementaux de la réforme
Au-delà de la question du pouvoir d’achat, cette évolution des horaires illustre un changement de paradigme énergétique. La France cherche à adapter son réseau à une production de plus en plus décentralisée et intermittente.
Les heures creuses « solaires » permettent d’utiliser localement l’électricité verte sans la gaspiller. Chaque kilowatt consommé au bon moment évite un recours à la production d’appoint, souvent issue d’énergies fossiles.
Cette stratégie s’inscrit dans le plan national de sobriété énergétique, qui vise à réduire la consommation électrique de 10 % d’ici 2030. Les économies réalisées par les ménages contribuent directement à cet objectif.
Le rôle du compteur Linky dans la transition
Le déploiement du compteur Linky joue un rôle central dans cette réforme. Ces dispositifs communicants permettent d’ajuster automatiquement les contrats et d’éviter les erreurs de facturation.
Linky facilite aussi la transparence : chaque utilisateur peut suivre sa consommation en temps réel via l’application EDF & Moi. Ce suivi permet de repérer rapidement les pics de consommation et de corriger les mauvaises habitudes.
Pour EDF, la généralisation de ces compteurs constitue une étape incontournable vers un réseau électrique intelligent, capable d’équilibrer offre et demande en continu.
Ce qu’il faut éviter pour ne pas perdre d’économies
Si les nouveaux horaires offrent de belles opportunités, encore faut-il savoir éviter les pièges classiques. Beaucoup de foyers laissent leurs appareils branchés inutilement pendant les heures pleines, ce qui annule les bénéfices des heures creuses.
EDF recommande de débrancher les équipements en veille : box Internet, téléviseurs, chargeurs ou ordinateurs portables. Ces appareils peuvent représenter jusqu’à 10 % de la consommation annuelle d’un foyer.
Il est également déconseillé de lancer simultanément plusieurs appareils énergivores, même pendant les heures creuses. Cette surconsommation ponctuelle peut faire sauter la puissance souscrite et entraîner une facturation plus élevée.
Enfin, les foyers doivent rester attentifs aux variations saisonnières. L’hiver, les heures creuses diurnes peuvent être légèrement décalées pour tenir compte des pics de demande liés au chauffage.
Les retombées économiques attendues
Selon les estimations d’Enedis, la réforme des heures creuses pourrait générer plus de 3 milliards d’euros d’économies collectives sur dix ans. Les foyers les plus attentifs pourraient, quant à eux, économiser jusqu’à 400 euros par an.
Ces gains ne dépendent pas uniquement des tarifs, mais surtout de la capacité à modifier les comportements de consommation. EDF prévoit d’accompagner les usagers à travers des campagnes d’information et des outils numériques personnalisés.
Les collectivités locales, de leur côté, sont invitées à adapter leurs infrastructures, notamment les bornes de recharge publiques et les équipements municipaux, afin de maximiser les périodes à faible coût.
Un changement culturel dans la gestion de l’énergie
Derrière les chiffres, cette réforme traduit un changement profond dans la culture énergétique française. Il ne s’agit plus seulement de produire plus, mais de consommer mieux.
En invitant les ménages à ajuster leur consommation, EDF transforme chaque foyer en acteur de la transition énergétique. Ce modèle collaboratif repose sur une logique d’efficacité et de responsabilité.
Les associations de consommateurs saluent une mesure « pragmatique et utile », qui redonne du sens à la tarification horaire. Elles appellent toutefois à une vigilance accrue sur la communication des nouveaux horaires, encore floue dans certaines communes.
Une période d’adaptation nécessaire
EDF reconnaît que les premiers mois seront une phase d’ajustement. Certains compteurs anciens devront être reconfigurés manuellement. Des retards d’activation sont possibles, notamment dans les zones rurales où le réseau reste partiellement modernisé.
L’entreprise assure toutefois que tous les foyers concernés seront informés individuellement. Les nouveaux contrats intègrent automatiquement les horaires mis à jour.
Pour accompagner les clients, des conseillers spécialisés ont été mobilisés. Leur mission : expliquer les avantages, aider à paramétrer les équipements et répondre aux inquiétudes liées à la facturation.
L’électricité de demain : flexible, locale et intelligente
La réforme des heures creuses illustre le futur du système électrique français. Un réseau plus flexible, plus propre et plus connecté, où chaque consommateur devient un maillon actif.
À moyen terme, EDF prévoit d’intégrer ces horaires dynamiques à de nouvelles offres tarifaires personnalisées. Les foyers équipés de batteries domestiques pourront stocker l’énergie aux heures creuses pour la restituer ensuite.
Cette évolution s’accompagne d’une montée en puissance des technologies de pilotage énergétique, déjà testées dans certaines régions. Le but est d’atteindre un équilibre parfait entre confort domestique et efficacité environnementale.
En conclusion : un nouveau réflexe pour économiser durablement
La refonte des heures creuses EDF bouleverse les habitudes, mais ouvre de nouvelles perspectives pour maîtriser sa facture et participer à la transition écologique.
En calant ses usages sur les nouveaux créneaux, chaque foyer peut réduire sa dépense énergétique sans sacrifier son confort. Le mot d’ordre est simple : consommer au bon moment, débrancher au bon moment.
Entre 23 h et 7 h, puis entre 11 h et 17 h, l’électricité devient plus abordable, plus verte et plus responsable. À condition d’adapter ses appareils et de repenser ses gestes du quotidien, cette réforme pourrait marquer le début d’une nouvelle ère énergétique, où économie rime enfin avec écologie.


