Crise du sucre : un marché victime d’un changement brutal
La crise du sucre a énormément fait souffrir les producteurs français de betterave sucrière. Pour preuve, depuis le début de l’année, de nombreuses fermetures d’usines ont eu lieu. D’ailleurs, le premier groupe sucrier français Tereos a admis des pertes financières considérables. Mais comment en est-on arrivé là ?
La fin des quotas européens
En fait, pendant une longue période, les producteurs français de betterave sucrière ont profité du système des quotas européens. Il les a protégés jusqu’en 2017, de la future crise du sucre. Avant cette date, les prix du sucre, fondés sur le prix de la betterave, étaient garantis. De plus, pour les producteurs, ces tarifs étaient très au-dessus du marché mondial. De cette façon, avec le système protecteur des quotas, l’Europe s’est hissée à la première place de la production mondiale de sucre. Par ailleurs, les prix avantageux pratiqués n’étaient renégociés qu’une fois par an. Aussi bien pour l’exportation que pour les ventes sur le territoire. Malheureusement, le 1er octobre 2017, le système de ces quotas sucriers est tombé. Dès lors, Bruxelles n’a plus limité la production de sucre. Cela a touché de plein fouet 25 sucreries françaises.
Libéralisation tarifaire = surproduction
Brutalement, la soudaine libéralisation des prix du sucre a poussé les agriculteurs et les industriels européens à surproduire. Ainsi, avec des usines et des exportations qui se sont mises à tourner à plein régime, la crise du sucre est née. Elle est notamment due à une augmentation de plus d’un quart de la production de sucre dans l’Union européenne. Par ailleurs, au même moment, les prix européens du sucre ont dû s’aligner sur les prix du marché mondial. Encore pire, deux énormes producteurs de sucre, l’Inde et le Brésil, ont décidé en même temps d’écouler tous leurs excédents. Cela a provoqué un excédent de millions de tonnes de sucre sur le marché. Ce qui a fait plongé les tarifs pratiqués jusqu’alors.
Une chute dramatique
Avec la crise du sucre, de nombreux producteurs ont vu leurs prix s’écrouler.Cette nouvelle donne a créé une situation dramatique pour les betteraviers français. Avec des tarifs pratiqués qu’ils n’avaient pas vus depuis dix ans ! Ainsi, alors qu’à l’époque dorée des quotas la tonne de sucre se négociait environ à 500 €, elle est tombée à 290 €. Cela a contraint toute la filière sucrière française à se restructurer. En fermant notamment des sucreries. Comme celle de Cagny dans le Calvados, et d’Eppeville dans la Somme. Idem pour des sites comme Bourdon, dans le Puy-de-Dôme, ou Toury en Eure-et-Loire.
Une reprise incertaine
Pour les spécialistes de ce secteur, le marché du sucre serait en train de se redresser. Mais sans espérer de miracle à court terme. En effet, même si la demande mondiale se stabilise, il va falloir encore attendre avant de voir les prix remonter. D’abord, il faudra laisser le temps aux énormes stocks de sucre constitués de s’écouler. Malgré tout, la plupart des experts estiment que le pire de la crise du sucre est enfin passé.
Le Bulletin des Communes suggère aussi de lire l’article du Monde :