Campagne Greenpeace : un engagement trop marqué
Dernièrement, une campagne Greenpeace ciblant l’urgence climatique a été refusée dans le métro parisien. Ainsi, son affichage a été interdit. De fait, la Régie publicitaire des transports parisiens a estimé que les messages de l’ONG dénonçaient un laxisme de la part des décideurs politiques.
Une campagne de Greenpeace trop partiale ?
Pour alerter sur l’urgence climatique, Greenpeace a voulu diffuser dans les couloirs du métro et du RER franciliens une campagne publicitaire au message dérangeant. Cependant, la Régie publicitaire Mediatransports l’a jugée trop partiale. En fait, cette campagne Greenpeace est basée sur un principe simple. Elle montre des visuels marquants, d’événements climatiques extrêmes (fonte des glaces, inondations). Sur ces derniers, on voit en surimpression les mots « Bla Bla ». En bas de ces affiches, apparaît le message « Face à l’urgence climatique, les discours ne suffisent pas ». Ou « Le gouvernement doit agir ». Ou encore « Mobilisons-nous pour mettre un terme à l’inaction des décideurs politiques ».
Un film complémentaire
Par ailleurs, ces affiches s’accompagnent d’un film de soixante secondes, conçu avec l’agence Strike. Il reprend le même concept que les affiches de la campagne Greenpeace. Donc, les mots « Bla Bla », écrits en lettres de glace, de bois ou de métal. On y voit ces lettres s’envoler dans des tornades, s’écrouler, se mêler à des inondations, ou brûler dans des incendies. En même temps, en fond sonore, on entend des extraits de discours qui exhortent à protéger le climat. Ils sont prononcés par les présidents Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy et François Hollande. A l’évidence, cet assemblage veut montrer le décalage qui existe entre les discours et les actes politiques réels.
Un devoir de neutralité
Dans un récent communiqué, l’ONG déplore que cette campagne Greenpeace ait été jugée « un peu trop engagée » par la régie publicitaire Mediatransports. Ainsi que par certains cinémas, qui ont aussi refusé de la projeter. Le motif invoqué étant que ce message était « trop politique ». Bien que ces visuels aient été jugés conformes par l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité. Ainsi, Alexandra Lafay, Directrice de la communication à Mediatransports, a déclaré au Monde que les contrats passés avec la RATP et la SNCF comportaient des limites claires. A savoir, ne pas « […] diffuser des campagnes qui ont un caractère politique ou religieux, en raison d’un devoir de neutralité. » Or, selon elle, « Cette campagne ne respecte pas ce devoir de neutralité, puisqu’elle mentionne l’inaction des décideurs politiques. »
Un refus paradoxal face à l’urgence climatique
Pour l’ONG, la campagne Greenpeace rappelle juste que les États doivent amorcer d’urgence « […] les changements systémiques dans les modes de production et de consommation […] ». Cela, afin d’éviter « […] de voir la planète se réchauffer de 3 à 7°C, d’ici la fin du siècle ». Dans un récent communiqué, Jean-François Julliard, Directeur général de Greenpeace France, s’étonne de la réaction de Mediatransports. De fait, il la juge paradoxale, alors que « […] les alertes des scientifiques se succèdent pour expliquer que nous sommes la dernière génération à pouvoir agir […] ». Pour lui, interdire ces affiches dans le métro parisien est incompréhensible. Car elles ne font que rappeler la menace climatique. Surtout dans un espace où « […] les compagnies aériennes développent des campagnes d’ampleur, incitant les voyageurs à prendre l’avion comme d’autres prennent le métro. »
Une exception parisienne
Suite à l’interdiction d’affichage imposée dans le métro parisien, l’organisation de protection de l’environnement a réagi. Elle a rappelé que, depuis le 2 mars, à l’inverse de la Capitale, cette campagne Greenpeace était visible dans plusieurs métropoles françaises. Notamment à Bordeaux, Lille, Lyon, Montpellier et Toulouse. Cet affichage autorisé devrait avoir une incidence sur les prochaines marches pour le climat, programmées sur tout le territoire, le samedi 14 mars.
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