Application Alicem : une reconnaissance faciale controversée
L‘application Alicem est un système de reconnaissance faciale, consultable au moyen d’un smartphone. De plus, elle permet de se connecter aux services publics. Ainsi, elle fournit une confirmation fiable de l’identité d’un individu. Néanmoins, son usage courant est actuellement controversé. De fait, certains pensent qu’Alicem pourrait s’opposer à la notion de liberté individuelle.
Une application qui valide les identités
L’application Alicem est un procédé d’identification numérique, utilisable via un téléphone mobile. Son nom provient de l’appellation complète Authentification en LIgne CErtifiée sur Mobile. Ce projet devrait permettre d’authentifier l’identité d’une personne avec une grande sécurité. Techniquement parlant, pour utiliser Alicem, il faudra posséder un smartphone doté d’un système d’exploitation Android. Au minimum en version 5. Celle-ci est la plateforme mobile la plus courante du marché. De plus, il faudra que le téléphone mobile utilisé comporte un lecteur sans contact. Enfin, l’utilisateur devra posséder un passeport biométrique intégrant une puce sécurisée.
Des contrôles et des démarches simplifiés
En mettant en place l’application Alicem, le but du Gouvernement est de permettre à la population d’accéder à « […] l’ensemble des services publics […] » en ligne. Ces derniers sont consultables via le portail FranceConnect. Ainsi, ce portail intègre notamment les sites des impôts et de l’Assurance Maladie. De plus, il permet d’accéder à l’ANTS, la plateforme de l’Agence Nationale des Titres Sécurisés. Celle-ci délivre les cartes grises. On peut aussi y obtenir un permis de conduire, une carte d’identité ou un passeport. Au total, on peut contacter plus de 500 services publics par le biais de FranceConnect. En pratique, l’application Alicem devrait limiter les usurpations d’identité. Cela, grâce à une certification simplifiée. De plus, elle doit simplifier les démarches administratives en les dématérialisant.
Un procédé vraiment sécurisé ?
Pour l’instant, l’État affirme qu’avec l’application Alicem on pourra prochainement « prouver son identité sur Internet de manière sécurisée ». D’ailleurs, l’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information, l’ANSSI, travaille dans ce sens, afin de valider une procédure de qualification. Ainsi, ce futur procédé d’identification électronique devrait résister à toute tentative d’usurpation d’identité sur Internet. Cependant, divers experts en sécurité informatique, dont Baptiste Robert, reconnu dans ce secteur, a déjà tweeté de nombreuses critiques sur les garanties offertes. En effet, il a observé de nombreuses failles dans Alicem. Celles-ci pourraient remettre en cause la fiabilité du dispositif.
Un projet théoriquement maintenu
Ces remarques sur la protection réelle des données personnelles et biométriques des personnes fragilisent la crédibilité de ce projet. Evidemment, ses critiques doivent être considérées, face aux risques de piratage ou de fuite de données. Quoi qu’il en soit, l’application Alicem est actuellement en phase de test. Ce, depuis juin 2019. Son application au niveau grand public pourrait être lancée dès le 3 octobre prochain.
De vives critiques
L’application Alicem suscite des commentaires inquiets sur une dérive sécuritaire possible.Pour La Quadrature du Net, une association de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet, les contrôles que le Gouvernement envisage avec l’application Alicem posent problème. En effet, de son point de vue, Alicem constitue un « outil non pas au service du citoyen mais contre lui […] ». Car son usage remet en cause le principe de « […] l’anonymat en ligne, pourtant fondamental pour l’exercice de nos droits sur Internet. » Par conséquent, selon La Quadrature du Net, ce projet ne peut « qu’être combattu ». En clair, pour cette association, la normalisation de la reconnaissance faciale comme outil d’identification représente un danger potentiel. Celui d’une dérive sécuritaire.
L’avis de la CNIL au sujet de l’application Alicem
Une question que se pose également la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés, la CNIL. Depuis octobre 2018, celle-ci observe de près le projet concernant l’application Alicem. De fait, la CNIL pointe du doigt que le fait de demander l’accord d’une personne pour pouvoir créer une identité Alicem est aisément contournable. En effet, un citoyen peut facilement refuser, en se réfugiant derrière le Règlement Général sur la Protection des Données, le RGPD. Ainsi, le principe même de la mise en place d’Alicem pourrait être caduque.
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