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Les transports collectifs gratuits en zones urbaines ne sont pas forcément une bonne pratique à long terme.

Transports collectifs : une gratuité qui reste une question épineuse

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Transports collectifs : leur gratuité comporte des effets pervers

Les transports collectifs offerts gratuitement a ses partisans. D’ailleurs, ce principe a déjà été expérimenté avec des bus dans plusieurs villes. En apparence, avec succès. Mais à plus long terme, ce concept ne risque-t-il pas de réduire les investissements nécessaires à l’amélioration des réseaux ?

Un bilan à l’apparence flatteuse

Indéniablement, quand on les analyse à court terme, les avantages des transports collectifs gratuits semblent très attirants. En effet, cette gratuité simplifie l’usage des réseaux existants, tout en l’augmentant. De plus, en l’analysant financièrement, cette option n’est pas si coûteuse pour une collectivité locale. Par exemple, ce choix, lorsqu’il a été fait à Dunkerque, a coûté 4,5 millions d’euros sur un an. Cependant, c’est à plus long terme que des limites réelles apparaissent. Pour mieux les comprendre, il suffit d’opposer aux quatre principaux arguments des défenseurs de la gratuité quatre autres remarques, également très valables.

Transports collectifs : Les « pour »…

Ainsi, le premier argument avancé est qu’un réseau de transports collectifs est indispensable aux riverains. Pour le maintenir actif, il vaudrait mieux proposer des bus gratuits mais remplis, que des bus payants mais à moitié vides. Ensuite, la gratuité garantit le droit au transport, tout en augmentant le pouvoir d’achat des habitants ayant des revenus modestes. De plus, cette gratuité réduit l’usage de la voiture, ce qui est bon pour la circulation et l’environnement. Enfin, la gratuité permettrait de redynamiser l’activité commerciale des centres-villes.

… Et les « contre »

Cependant, on peut aussi augmenter fortement la fréquentation des réseaux sans les rendre gratuits. Simplement en améliorant l’offre, en réduisant les espaces prévus pour les voitures, en augmentant le coût du stationnement, et en introduisant un péage urbain. Pour preuve, Lyon cumule un double record. A la fois les tarifs de transports collectifs les plus chers de France, et une fréquentation de ces transports la plus élevée, en dehors de l’Île-de-France. En effet, sur place, on a calculé que chaque habitant effectuait 320 voyages par an. Par ailleurs, proposer une tarification solidaire, comme à Strasbourg, peut aussi offrir une excellente solution de gestion. De plus, rien n’empêche de prévoir en parallèle une gratuité des transports pour les plus démunis. Ainsi, la Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports n’est pas favorable à la gratuité pour tous. Elle préconise de ne l’appliquer qu’avec ceux qui en ont besoin.

Un faible impact sur les automobilistes

La gratuité des transports collectifs pose finalement des questions épineuses.

Autre constat, si la gratuité des transports collectifs attire les piétons et les cyclistes, en réalité, elle capte peu les automobilistes. Pour eux, seules une meilleure offre et une restriction du trafic individuel les pousseraient à changer de comportement. Par exemple, à Lyon, Strasbourg et Grenoble, la circulation automobile a certes diminué, mais environ de la moitié. Enfin, comme la gratuité des transports collectifs modifie insuffisamment les habitudes des conducteurs, l’activité des centres-villes évolue peu. De fait, certains experts jugent qu’il serait beaucoup plus efficace de bloquer l’extension des commerces et des services dans les zones périphériques, afin de relancer le commerce en zone centrale.

Une approche finalement négative ?

A moyen terme, les transports collectifs gratuits pourraient même se révéler négatifs pour les usagers. En effet, malgré des apparences séduisantes dans un premier temps, des effets pervers peuvent se révéler par la suite. Notamment en privant les citadins de la solution offerte par les tramways. Certes, elle est coûteuse au début, mais elle se révèle ensuite pleine d’avantages. En conclusion, l’idée de gratuité des transports collectifs risque de détourner l’attention d’un problème plus profond. A savoir, celui de la place excessive encore accordée à la voiture individuelle dans l’espace public. En effet, le concept de gratuité des transports sert encore trop souvent de prétexte pour éviter de prendre des mesures qui seraient impopulaires auprès des automobilistes. Cela nécessiterait un plus grand courage politique, surtout dans les grandes agglomérations.

  • Nous vous invitons à lire également notre article sur la gratuité des transports publics en France
  • Le Bulletin des Communes vous suggère aussi l’article de La Croix


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Né à Blois le 22 novembre 1972, Thierry Dulac est un journaliste français. À tout juste 21 ans, il débute une carrière de journaliste à Londres sur la chaîne spécialisée en économie Bloomberg TV. Il rejoint BFM TV dès son lancement en 2005 et anime des émissions sur la chaîne d'info en continu de 2006 à 2009. On le voit ensuite sur iTélé, ancêtre de CNews, entre 2009 et 2011 date à laquelle il intègre le Bulletin des Communes qui lui confie la rubrique Environnement.