Au Salon des maires, certaines traditions passent les années sans prendre une ride. Parmi elles, la distribution de la canne en bois siglée Séché, devenue en trois décennies un symbole à part entière de l’événement. Entre marketing assumé, folklore professionnel et curiosité renouvelée, ce rituel attire toujours plusieurs centaines d’élus.


Une tradition solidement ancrée dans le paysage du salon

Dans les allées du Salon des maires, les visiteurs repèrent très vite un attroupement récurrent : la file qui serpente devant le stand de Séché Environnement. Depuis trente ans, l’entreprise spécialisée dans la gestion et la valorisation des déchets offre aux élus une canne en bois estampillée de son logo. L’objet, simple à l’origine, est devenu un marqueur du salon, au point que beaucoup d’élus organisent leur passage en fonction de l’heure de distribution.

Le rituel se déroule avec une précision presque chorégraphiée. À l’heure annoncée, des employés du stand apportent une centaine de cannes, soigneusement rangées et manipulées avec une forme de solennité qui ajoute au caractère singulier du moment. En quelques minutes, les bâtons disparaissent dans une ambiance étonnamment bruyante, rythmée par une musique festive et des applaudissements qui rappellent davantage une animation de village vacances qu’un salon institutionnel.


Un succès qui interroge autant qu’il amuse

Pour de nombreux maires, l’événement est devenu un passage obligé, parfois même une sorte de clin d’œil à leur propre longévité politique. François Durieux, maire de Beauquesne, ne cache pas sa satisfaction en repartant avec la canne millésimée. Pour lui comme pour beaucoup d’autres, cette distribution est autant un souvenir qu’un symbole, un petit trophée informel qui s’ajoute à ceux des années précédentes.

D’autres élus, amusés ou dubitatifs, voient dans cette longue fidélité une facette particulière du Salon des maires. Certains s’étonnent du contraste entre les enjeux politiques débattus dans les conférences et l’effervescence provoquée par la remise d’un simple bâton en bois. L’un d’eux résume avec un sourire : « Cela fait vingt-cinq ans que cela dure. On finit par se dire que les élus sont parfois plus attachés aux coutumes qu’aux innovations. »

L’ironie n’efface toutefois pas l’adhésion massive. La canne Séché fait partie de ces objets qui structurent un imaginaire collectif, mélange de convivialité et de reconnaissance mutuelle. Dans un environnement professionnel souvent exigeant, ce rituel apporte une forme de légèreté bienvenue.


Un outil marketing assumé mais habile

Si cette tradition perdure, c’est aussi parce qu’elle remplit pleinement sa fonction. Pour Séché Environnement, la distribution de la canne constitue l’une des opérations de visibilité les plus efficaces du salon. En quelques minutes, la marque s’invite dans des centaines de collectivités, portée littéralement sous le bras d’élus qui viennent souvent discuter ensuite avec les équipes du stand.

Cette présence ostentatoire mais conviviale s’inscrit dans une stratégie parfaitement calibrée. Dans un salon où des centaines d’exposants rivalisent d’ingéniosité pour attirer l’attention des décideurs locaux, instaurer une tradition durable offre un avantage non négligeable. La canne en bois est devenue un objet-repère, identifié immédiatement et associé à une expérience partagée, ce qui renforce mécaniquement la notoriété de la marque.

Au fil du temps, cette dimension marketing a fini par se confondre avec une sorte de folklore professionnel, au point que certains élus plaisantent en affirmant que « le salon ne commencerait pas tant que ils n’ont pas récupéré leur canne ».


Une scène révélatrice de l’esprit du Salon des maires

Au-delà de l’anecdote, ce phénomène illustre l’une des particularités du Salon des maires : sa capacité à faire coexister démarches professionnelles, échanges institutionnels et moments plus légers. Entre conférences techniques, rencontres avec les ministres, présentations de solutions innovantes et visites interminables d’allées thématiques, cette parenthèse festive constitue un repère rassurant et presque rituel.

Pour beaucoup d’élus, cette convergence de sérieux et de convivialité reflète la réalité quotidienne de leur fonction. La gestion d’une commune implique des contraintes fortes, mais elle s’inscrit aussi dans un tissu relationnel où la proximité, l’humour et les habitudes jouent un rôle non négligeable. La canne Séché incarne cette articulation entre institutionnel et informel, entre engagement public et codes du milieu.

Le succès intact de cette tradition rappelle que le Salon des maires est aussi un lieu où se tissent des liens, où se construisent des réseaux et où se maintiennent des rituels partagés. Dans ses allées, les cannes brandies chaque année composent un tableau singulier, à mi-chemin entre la collection personnelle et la carte de fidélité symbolique.