Travailler plus : une idée difficile à faire passer
Redresser l’économie du pays, après les conséquences du confinement général, nécessitera sans doute des efforts à long terme. Cependant, l’idée de travailler plus, même si elle semble logique, va sans doute provoquer de fortes réticences. Si des réformes apparaissent, elles devront s’entourer de nombreuses précautions. A base de diplomatie.
Payer une facture astronomique
Récemment, pour renflouer les caisses de l’Etat, dramatiquement plombées par l’arrêt économique brutal du pays, Geoffroy Roux de Bézieux, président du MEDEF, a posé des questions essentielles. A savoir, comment la France réussira-t-elle à combler progressivement son déficit abyssal ? De fait, le patron des patrons suggère déjà de modifier notre approche de paramètres profondément tabous. Comme le temps passé au travail, les congés payés, les RTT, et notre gestion des jours fériés. En creux, cela sous-entend déjà que les Français devraient bientôt travailler plus.
Un scénario immédiatement rejeté par Philippe Martinez, le leader de la CGT. A son avis, les spéculations de Geoffroy Roux de Bézieux sont d’ores et déjà des « propos déplacés ». Un jugement partagé par Laurent Berger, Secrétaire général de la CFDT. En effet, lui aussi estime que ce discours est « indécent ». De son côté, pour apaiser ces tensions naissantes, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, a affirmé que travailler plus « […] ne sera pas la solution du problème. »
Une idée qui fait son chemin
Malgré les affirmations de Bruno Le Maire, l’idée de faire travailler plus les Français fait son chemin. Notamment pour certains économistes. D’ailleurs éminents. Et parmi les politiques, des membres connus des Républicains approuvent aussi cette voie. Comme Guillaume Peltier ou Bruno Retailleau. Car ces derniers se demandent comment la France va parvenir à éponger ses centaines de milliards de dettes accumulées. De fait, avec une baisse de 8 % de notre PIB, il va bien falloir trouver un moyen efficace de remonter la pente. En touchant aux sacro-saints congés payés ? Cette hypothèse sera assurément très difficile à faire accepter. Même si elle se justifiait par une réaction inédite, face à une situation jamais vue auparavant.
Des pistes envisagées
D’après certains calculs, en n’augmentant seulement d’une heure le temps de travail effectif des fonctionnaires, cela permettrait de renflouer les caisses de l’Etat de plusieurs milliards d’euros. Grâce à de l’argent public. De même, en faisant travailler plus des secteurs grandement appauvris par le récent confinement, leurs salariés pourraient contribuer efficacement à notre effort de redressement. De fait, si l’on se tourne vers les dernières statistiques publiées par l’Institut Eurostat, la France occupe effectivement la dernière place des 27 pays de l’Union européenne. En terme d’heures d’usine ou de bureau effectuées chaque année. Avec seulement 1.646 heures comptabilisées. Mais ce calcul ne tient pas compte de la productivité réelle obtenue avec ces heures travaillées. Ainsi, l’hypothèse de bientôt travailler plus pourra toujours être combattue par ses opposants. D’ailleurs protégés par notre Code du travail.
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