Rouler moins vite sur les autoroutes permettrait de décarboner le trafic routier.

Rouler moins vite : quels avantages avec les 110 km/heure sur les autoroutes ?

15604

Rouler moins vite : quel impact sur l’environnement ?

 

Parmi les 149 propositions de la Convention citoyenne, soumises à Emmanuel Macron, rouler moins vite sur les autoroutes a vite provoqué un vif débat. D’ailleurs, cette proposition fait partie des trois que le président de la République a préféré rejeter. Mais que peut-on vraiment attendre d’une telle réduction de vitesse à 110 km/heure ?

 

Une limitation très sensible

Centrée sur les améliorations possibles pour décarboner nos pratiques, la Convention citoyenne pour le climat a proposé des mesures pour protéger notre environnement. L’une des plus controversées serait d’imposer la limite des 110 km/heure sur les autoroutes. Au lieu des 130 km/heure. En effet, cela permettrait de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, rouler moins vite pourrait contribuer à atteindre l’objectif de réduire de 40 % nos émission de CO2, d’ici 2030. Par rapport à 1990.

De fait, cette nouvelle limitation aurait l’avantage de faire baisser notre consommation globale d’essence. Tout en réduisant le nombre des accidents sur les autoroutes. De plus, en n’allongeant pas trop les temps de trajets. Ainsi, le gain majeur d’un tel changement serait de réduire d’environ 20 % nos émissions de gaz à effet de serre. Cette estimation est extraite d’un ancien rapport du ministère de la Transition écologique, daté de mars 2018.

Un sujet rapidement polémique

Pourtant d’apparence vertueuse, cette décision de rouler moins vite engendre rapidement des polémiques. Car elle est plus inflammable qu’il n’y paraît. En effet, pour le comprendre, il suffit de se souvenir de la levée de boucliers qu’avait entraîné la limitation à 80 km/heure sur les routes secondaires. Jadis défendu par Edouard Philippe, ce changement avait former déplu. Surtout dans le monde rural, qui l’avait perçu comme un diktat imposé par Paris. Depuis, le retour aux 90 km/heure sur certaines routes a montré la difficulté d’appliquer des règles de circulation trop rigides.

Des données objectives

Rouler moins vite sur les autoroutes permettrait de limiter nos émissions de CO2.

Rouler moins vite sur les autoroutes permettrait de limiter nos émissions de CO2.

En 2014, l’ADEME a effectué une étude intéressante sur les effets des réductions de vitesse. Globalement, cette analyse confirme que rouler moins vite est bénéfique, en terme d’abaissement des émissions de carbone. Cependant, l’ADEME indique aussi que les résultats observés « […] restent très dispersés et fortement dépendants des spécificités des axes et des zones étudiées. » De plus, dans son rapport, l’ADEME observe aussi qu’une baisse de la vitesse, passant de 90 km/heure à 70 km/heure, n’entraînerait qu’une faible diminution des émissions de CO2. Pire, elle provoquerait parfois une augmentation ! Cependant, passer des 130 km/heure aux 110 km/heure engendre un bénéfice indiscutable. Alors, pourquoi ne pas adopter ce changement immédiatement ? Parce qu’il comporte aussi des conséquences économiques négatives.

Un bémol financier

Partir du principe que rouler moins vite, en se limitant à 110 km/heure, est bénéfique pour l’environnement, c’est aussi négliger les retombés financières de l’allongement des trajets. En effet, d’après certains calculs, les heures ainsi perdues se chiffreraient à près d’un milliard d’euros par an. Car l’abaissement de la vitesse ferait perdre aux Français environ 65 millions d’heures. Une donnée économique négligée par la Convention citoyenne. Or, ce réel préjudice financier ravive l’éternel débat qui oppose depuis des années la productivité et la protection de l’environnement. Prochainement, le Gouvernement devra faire un choix, en tranchant cette épineuse question.



Avatar photo

Né à Blois le 22 novembre 1972, Thierry Dulac est un journaliste français. À tout juste 21 ans, il débute une carrière de journaliste à Londres sur la chaîne spécialisée en économie Bloomberg TV. Il rejoint BFM TV dès son lancement en 2005 et anime des émissions sur la chaîne d'info en continu de 2006 à 2009. On le voit ensuite sur iTélé, ancêtre de CNews, entre 2009 et 2011 date à laquelle il intègre le Bulletin des Communes qui lui confie la rubrique Environnement.