Rouler à 80 km/heure : une réforme maintenue contre vents et marée ?
Alors que la nouvelle limitation de vitesse à 80 kilomètres/heure est loin de faire l’unanimité parmi les Français, le porte-parole du conseil des ministres, Benjamin Griveaux, a réaffirmé le 7 mars dernier la détermination du Gouvernement à garder son cap.
Cette mesure impopulaire et mal comprise, plusieurs fois annoncée par la Premier ministre Edouard Philippe, ne divise pas que les automobilistes, puisque l’on sait qu’Emmanuel Macron lui-même y serait opposé. Pour justifier sa croisade contre la vitesse excessive au volant, Edouard Philippe s’appuie surtout sur le théorème qui affirme que 1 % de réduction de la vitesse moyenne permettrait une réduction de 4 % de la mortalité sur les routes. Une statistique tirée du bilan des tués établi entre 2002 et 2004. Problème : de nombreux opposants contestent ce calcul et ces chiffres, les considérant comme erronés.
Beaucoup affirment en effet que la baisse enregistrée des accidents depuis les premières limitations de vitesse, imposées en 1974, serait surtout imputable à la crainte des nombreux radars, apparus en France le 14 juillet 2002, et non aux limitations de vitesse. La vraie question posée aujourd’hui quant à la bonne vitesse à respecter, alors qu’on a déjà réussi à diviser par cinq la mortalité routière, malgré un volume de circulation qui a triplé, est : comment faire encore baisser efficacement la mortalité sur la route ? Celle-ci est actuellement estimée à environ 3.600 cas, provoqués par des accidents graves.
Quatre mois avant la mise en place de cette réforme, la question reste donc houleuse, semblant très délicate à trancher, au point qu’on peut se demander si elle sera effectivement appliquée. De son côté, Édouard Philippe a réaffirmé, peu impressionné par toutes les critiques entendues, qu’il appliquera sans hésiter la baisse de la vitesse à 80, même si sa cote de popularité « […] doit en pâtir ». Malgré tout, il semble que le débat soit toujours ouvert.