Risques de la reconnaissance faciale : contre toute dérive sécuritaire
Dernièrement, des interrogations sur la reconnaissance faciale se font de plus en plus entendre. Globalement, ils proviennent de parlementaires, comme de membres de la société civile. Ces avis font écho à diverses demandes de la CNIL. Celle-ci souhaite limiter les risques de la reconnaissance faciale. Notamment, en définissant des lignes rouges à ne pas franchir.
Un débat attendu
Les craintes que soulève la future application numérique ALICEM, utilisant la biométrie digitale, a stimulé un débat. Désormais, celui-ci est jugé urgent en France. Il concerne les risques de la reconnaissance faciale, dont l’usage nécessitera un encadrement légal. Les craintes que provoque cette nouvelle technologie, dont la pratique s’étend, a donné lieu à une lettre collective, publiée le 19 décembre dernier. Ses signataires étaient 80 organisations représentatives. Notamment la Ligue des Droits de l’Homme, Attac France, La Quadrature du Net, l’Observatoire des Libertés et du Numérique, et le Syndicat de la Magistrature.
Des précautions nécessaires
Ce texte encourageait le Gouvernement « […] à interdire toutes les pratiques de reconnaissance faciale sécuritaire, présentes et à venir. » A l’évidence, cette attente exprimait une crainte face à la surveillance permanente de l’espace public. Autrement dit, concernant des contrôles de masse. Les signataire de cette lettre redoutaient que l’État puisse accéder à « […] un pouvoir de contrôle total sur la population, dont il ne pourra qu’être tenté d’abuser contre ses opposants politiques […] ».
Une tribune révélatrice
Courant décembre dernier, Libération a publié une tribune. Elle réclamait en urgence de prendre des précautions au sujet de la reconnaissance faciale. Ce texte était notamment signé par le député centriste Philippe Latombe, ainsi que par Albane Gaillot et Paula Forteza, deux élues de La République En Marche. Preuve que les risques de la reconnaissance faciale posent aujourd’hui question au sein de la majorité. Cette tribune demandait l’interdiction de la reconnaissance faciale, dans le cas d’usages sans le consentement des personnes. Par ailleurs, elle souhaitait donner des garanties minimales aux citoyens sur leurs libertés fondamentales, pour assurer leur sécurité. Enfin, elle réclamait dans ce domaine l’approbation préalable de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés. Ou encore de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme.
Une demande de moratoire contre les risques de la reconnaissance faciale
La reconnaissance faciale va sans doute provoquer de futurs débats à l’Assemblée nationale.
L’ensemble des interrogations soulevées par la reconnaissance faciale pourrait donc entraîner un délai de réflexion. En effet, certains le jugent impératif. Par conséquent, cette attente pourrait nécessiter un moratoire. Celui-ci viserait à contrôler une technologie problématique, dont l’essor possible réclame une réflexion préalable. De ce fait, pour éviter toute dérive sécuritaire, certains parlementaires souhaitent organiser « […] un débat public et une convention citoyenne sur le sens à donner à l’innovation numérique ». Ainsi, un cadre légal statuant sur la reconnaissance faciale pourrait naître. Ce, afin de préciser les conséquences de son usage, avant une autorisation totale. Dans ce sens, un texte a été déposé. Ce, pour éviter de « […] sacrifier nos droits sur l’autel de l’innovation technologique. »
Un texte préventif
Ce texte réclame d’instaurer un « […] contrat social vis-à-vis de cette technologie », pour ne pas la subir sans un accord citoyen. A terme, ce moratoire, réclamé par des parlementaires, devrait permettre aux Français de devenir « […] des acteurs à part entière de la transition numérique ». Pour y parvenir, les questions qu’impose la reconnaissance faciale devront bientôt être discutées à l’Assemblée.
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- Le Bulletin des Communes vous suggère aussi l’article de La Tribune