La route du fois gras

Foie gras interdit : la décision américaine rejaillit-elle sur la France ?

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Foie gras interdit : une interdiction supplémentaire

Le foie gras interdit prochainement à New York, en 2022, n’impactera pas directement les producteurs français. En effet, ils n’importent quasiment plus leurs produits aux Etats-Unis. Cependant, pour cette spécialité culinaire, en termes d’image et de réputation, cette mesure pourrait devenir néfaste. D’ailleurs, ses ventes ont commencé à baisser à l’étranger.

Des conséquences négatives par rebond

Tout comme la Californie en janvier 2019, la ville de New York a voté mercredi dernier l’interdiction de vendre du foie gras sur son territoire, dès 2022. Cette décision de foie gras interdit s’appliquera aussi à la simple détention de cette denrée alimentaire, typiquement française. Sur place, les producteurs américains ont déjà annoncé qu’ils allaient attaquer cette mesure en justice. Mais pour la filière française du foie gras, ces décisions prises outre-Atlantique ont-elles des conséquences ? Pour Michel Fruchet, Président du Comité Interprofessionnel du Foie Gras, il n’existe aucun danger commercial américain immédiat. En effet, il faut rappeler que la France n’exporte quasiment plus de foie gras aux Etats-Unis. Ce, depuis vingt ans. De fait, cette situation remonte déjà à 1999. Elle avait suivi l’initiative du gouvernement américain de doubler la taxe appliquée au foie gras français. A l’époque, cette sanction était une réponse à la décision hexagonale de stopper l’exportation américaine de viandes traitées aux hormones.

Les exportations s’amenuisent

L’interdiction qui touche de plus en plus la vente et la production du foie gras font baisser ses ventes mondiales.

Considéré comme un produit de luxe aux Etats-Unis, au demeurant encore atypique, le foie gras vendu dans ce pays n’est pas du tout un marché prioritaire pour les producteurs français. Néanmoins, à l’étranger, les ventes de ce produit existent de manière certaine. Elles entraînent même des exportations conséquentes. Or, pour les professionnels français de ce secteur, le foie gras interdit de façon trop fréquente finit par affaiblir le volume de leurs exportations. D’ailleurs, ils ont déjà observé une baisse sensible. Ainsi, au cours des sept premiers mois de 2019, ils n’ont vendu que 722 tonnes de foie gras. Ce volume inclut le produit cru ou mis à l’intérieur de diverses préparations. Comparativement, par rapport à la même période en 2018, leurs ventes ont chuté de 8 %. Les producteurs de cette filière se demandent donc si leur déficit va encore s’accentuer. Sachant que le plus gros des achats de foie gras a lieu au cours des trois mois qui précèdent les fêtes de fin d’année. Parmi les pays les plus friands de cette spécialité produite en France, on trouve l’Espagne, le Japon et la Suisse.

Une image fortement écornée

Déjà, en 2016 et 2017, l’épidémie de grippe aviaire qui était survenue dans l’Hexagone avait durement impacté les ventes de foie gras français. Aujourd’hui, ce sont des mouvements croissants en faveur du bien-être animal qui représentent désormais une menace pour les producteurs de foie gras. Et pas seulement à cause des Etats-Unis. De fait, depuis 2014, notamment au Brésil et en Inde, diverses associations de protection des animaux ont obtenu des mesures allant dans ce sens. De fait, le foie gras interdit est devenu une mesure plus courante, qui touche la vente et la production de cette spécialité. Or, ce courant s’intensifie à travers le monde. Entre autres, à cause de la pratique du gavage industriel, jugé trop cruel. En France, l’association L214 milite activement pour l’arrêter. A présent, la filière française du foie gras s’inquiète de l’apparition d’un effet de boycott du produit. En effet, cela pourrait faire « boule de neige ». Dernièrement, Michel Fruchet a déclaré que pour l’image de cette spécialité, « Médiatiquement, c’est très mauvais. »

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Né à Blois le 22 novembre 1972, Thierry Dulac est un journaliste français. À tout juste 21 ans, il débute une carrière de journaliste à Londres sur la chaîne spécialisée en économie Bloomberg TV. Il rejoint BFM TV dès son lancement en 2005 et anime des émissions sur la chaîne d'info en continu de 2006 à 2009. On le voit ensuite sur iTélé, ancêtre de CNews, entre 2009 et 2011 date à laquelle il intègre le Bulletin des Communes qui lui confie la rubrique Environnement.


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