Bas salaires des enseignants : une cause de démotivation
Le récent rapport annuel « Regards sur l’éducation » révèle les bas salaires des enseignants français. En 2018, la moyenne de leur rémunération a été inférieure à ceux des pays de l’OCDE. En observant leurs salaires de milieu de carrière, ce rapport fait apparaître que les professeurs français gagnent globalement 22 % de moins que leurs collègues des pays développés.
Des écarts manifestes
Le rapport de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques est formel : en début de carrière, les enseignants français gagnent 7 % de moins que leurs homologues des autres pays membres. Ainsi, dans le primaire, leur salaire annuel est de 28.000 € bruts, alors qu’il atteint 29.900 € en moyenne dans les pays de l’OCDE. Dans les lycées français, cet écart s’agrandit encore. De fait, les enseignants débutants gagnent 29.400 €, contre 32.423 € en moyenne dans les autres pays développés. Par la suite, en milieu de carrière, cette différence est encore plus nette. Pour preuve, dans un collège, un professeur ayant quinze ans d’ancienneté gagne 35.550 €. Dans les autres pays de l’OCDE, la moyenne constatée atteint 43.107 €. De plus, les professeurs qui travaillent dans le secteur élémentaire sont les plus pénalisés, du fait qu’ils touchent très peu de primes.
Une amélioration en fin de carrière
Actuellement, les enseignants français ont raison de contester des rémunérations insuffisantes. Surtout en milieu de carrière, où ils perçoivent environ 22 % de moins que leurs collègues des pays développés. Toutefois, cette différence s’amenuise beaucoup juste avant de partir à la retraite. En effet, à ce moment-là, leurs salaires ne sont plus inférieurs que de 2 % à la moyenne européenne. Le rapport de l’OCDE démontre aussi qu’en 2017, les bas salaires des enseignants étaient légèrement meilleurs. Une situation due aux primes versées et aux bonus des heures supplémentaires. Pour les professeurs dont l’âge se situait entre 25 et 64 ans, la rémunération était alors légèrement supérieure à la moyenne pratiquée dans l’OCDE. Enfin, ce même rapport montre qu’entre 2000 et 2018, le salaire des enseignants ayant quinze ans d’ancienneté a augmenté dans la moitié des pays de l’OCDE. Sauf en Grèce, en France et en Angleterre, où cette rémunération a chuté de 3 à 17 %. Dans l’Hexagone, cette baisse s’explique notamment par le gel du point d’indice.
Des différences notables
Les bas salaires des enseignants français sont une source de démotivation dans ces professions.Lorsqu’on parle des bas salaires des enseignants français, il faut apporter des précisions. Notamment sur les secteurs analysés. Ainsi, il faut distinguer la branche du secondaire, où les professeurs sont mieux payés, de celle du primaire. Globalement, ce déséquilibre s’explique par le fait que la moyenne d’âge des enseignants du secondaire est plus élevée. De plus, ils sont souvent agrégés. Enfin, ils touchent plus fréquemment des primes, en ayant aussi la possibilité de faire plus d’heures supplémentaires. Par ailleurs, l’ancienneté des enseignants génère de grosses différences de rémunération.
Une revalorisation encore insuffisante
La revalorisation de 30 € par mois, dernièrement annoncée par Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation, montre une prise de conscience du problème des bas salaires des enseignants. Cependant, on peut se demander si ce geste du Gouvernement suffira à stopper la mobilisation amorcée par les professeurs. A long terme, probablement pas. Pour vraiment régler ce conflit, certains enseignants ont proposé au ministre de mettre en place « un plan pluriannuel d’augmentations ». Maintenant, reste à vérifier s’il sera réellement appliqué.
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