Arrêtés anti-pesticides : la fronde s’organise
Au cours des dernières semaines, on constate la prise d’une trentaine d’arrêtés anti-pesticides simultanément dans différentes communes. Après l’initiative lancée mi-mai contre le glyphosate par Daniel Cueff, le maire breton de Langouët, ce rejet sanitaire a fait des émules sur les territoires.
Un refus qui s’amplifie
Désormais, une trentaine de maires de toutes sensibilités politiques ont pris des arrêtés anti-pesticides similaires, pour interdire la vaporisation du glyphosate à proximité des habitations. Le premier à avoir fait ce choix a été le maire de Langouët, Daniel Cueff. Son arrêté voulait interdire l’usage de produits phytopharmaceutiques « […] à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d’habitation ou professionnel ». Résultat, cet arrêté a été suspendu par le tribunal administratif de Rennes, le 27 août dernier. Depuis, notamment dans la Somme et les Alpes-de-Haute-Provence, d’autres maires ont pris la même décision. Aujourd’hui, cet élan de rejet anti-glyphosate reste vivace. Pour tenter de sortir de cette crise, le ministère de l’Agriculture annonce le lancement d’ une consultation publique. Celle-ci se déroulera « […] début octobre, pendant six semaines dans les préfectures ». Ainsi, elle réunira les principaux acteurs concernés.
Une question de conviction
La question de l’usage des pesticides près des habitations crée une polémique.Pour le maire de Langouët, Daniel Cueff, rejeter l’usage des pesticides est d’abord une question de conviction. Au point que pour lui, les arrêtés anti-pesticides vont « […] dans le sens de l’histoire ». De fait, l’élu pose cette question essentielle « Un maire peut-il ignorer la santé de ses habitants ? » Pour justifier son attitude, il invoque le principe de précaution. De plus, il déplore l’inertie actuelle de l’exécutif. Ainsi, il dénonce « Une directive européenne impose depuis 2009 à la France de prendre des mesures pour protéger les habitants de l’épandage de pesticides mais rien n’est fait. »
Pour l’instant, Daniel Cueff rappelle qu’il ne demande qu’une distance de sécurité « entre les champs traités et les habitations » Actuellement, quelle que soit la décision de la justice prise, ce maire s’appuie sur une réalité. A savoir le mouvement de fond enclenché dans l’Hexagone. Il révèle que « […] les gens en ont marre de respirer des pesticides ». D’ailleurs, un récent sondage IFOP montrerait que 96 % des Français approuvent la décision de Daniel Cueff.
Attirer l’attention
Pour l’instant, les divers arrêtés pris ont peu de chance d’aboutir. En effet, les tribunaux seront sans doute peu disposés à leur donner raison. Cependant, le nombre croissant de ces arrêtés attire l’attention. Cela devrait contraindre les pouvoirs publics à adopter une position plus tranchée sur les pesticides. En effet, il faut d’urgence protéger les populations vivant dans le milieu agricole. Tout en permettant aux agriculteurs de travailler dans des conditions sanitaires saines. Dès à présent, ces constats simples imposent des décisions rapides.
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