Age de départ : le système des retraites en surchauffe
Selon l’Institut Montaigne, un think tank libéral, le déficit financier du pays, à l’horizon de 2030, reste aujourd’hui sous-estimé. D’après son analyse, une seule option serait possible pour que cette dette ne s’aggrave pas : que les Français travaillent plus longtemps. En acceptant de reculer leur âge de départ à la retraite. Une option qui fâche beaucoup de monde.
Un blocage qui perdure
La question du futur déficit du régime de retraites, en 2030, sera centrale pour les partenaires sociaux, lors de la prochaine conférence de financement, réclamée par la CFDT. En effet, ce sujet délicat imposera de trouver une mesure alternative à celle du recul de l’âge pivot. De fait, le Gouvernement a calculé qu’à partir de 2027, il faudra trouver 12 milliards d’euros par an pour que le système des retraites reste à l’équilibre. Pour cela, l’exécutif s’appuie sur les projections financières effectuées par le Conseil d’Orientation des Retraites. Or, ces estimations, refusées par la CGT et Force Ouvrière, ont déjà éloigné ces syndicats de la table des négociations. Une impasse qui risque de durer, car la CDFT reste aussi opposée au recul de l’âge de départ à la retraite.
Une mécanique démographique inflexible
D’après l’Institut Montaigne, le déficit à venir, avancé par le Gouvernement, sera en réalité plus élevé. Simplement parce que l’augmentation annuelle de 1,3 % de la productivité, évaluée d’ici 2030, est trop optimiste. De fait, depuis 2008, elle est restée un peu en dessous de 1 %. Par conséquent, l’Institut prévoie que le déficit à combler s’élèvera à 15 milliards d’euros en 2025. Et à 20 milliards en 2030. Sous réserve que le taux de chômage se stabilise durablement à 7 %. Pour étayer ses calculs, l’Institut Montaigne se base sur l’évolution des chiffres démographiques. En 1950, notre système de retraite s’est construit alors qu’il bénéficiait de 3 à  4 cotisants par retraité. Or, en 2030, il n’y aura plus que 1,57 cotisant par retraité. Aujourd’hui, cela revient à dire que la même charge financière du paiement des retraites est soutenue par trois fois moins de cotisants qu’auparavant. Ainsi, pour maintenir ce système, on ne peut qu’augmenter les cotisations. Ou alors baisser les montants des pensions, ou encore reculer l’âge de départ. Cette dernière option a été mise de côté d’emblée. Alors que pour ce think tank, elle reste inévitable.
Une marge de manoeuvre faible
Ainsi, pour l’Institut Montaigne, il n’existe pas de formule financière miracle. Encore moins de trésor caché. En effet, les réserves nettes existantes, évaluées à 127 milliards d’euros, restent insuffisantes pour compenser le déficit annuel français. Celui-ci étant évalué à environ à 20 milliards par an, après 2025. Auquel il faudra rajouter 330 milliards de pensions, à payer ensuite chaque année. Plus les 6.800 à 9.800 milliards qui serviront à faire face aux futurs régimes des retraites obligatoires. De plus, il faudra veiller à ne pas laisser l’endettement du pays s’alourdir. Car cela reviendrait à faire payer des intérêts croissants à la population active. Ce qui s’ajouterait au paiement des pensions versées aux seniors. Ce scénario risquerait alors d’augmenter encore la pression fiscale, déjà à son maximum. Une option que le Gouvernement a intérêt à éviter, s’il veut rester populaire. Donc, selon ces analyses, repousser l’âge de départ à la retraite semble inévitable.
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