Suppression de l’ENA : un choix en suspens
La suppression de l’ENA pourrait être annoncée lors du discours très attendu d’Emmanuel Macron, jeudi prochain. Cette institution, créée par le Général De Gaulle après la seconde Guerre mondiale, cesserait alors de former les futures élites du pays. Pourtant, quatre présidents de la Ve République sont sortis de cet établissement, dont Emmanuel Macron lui-même. Si cette décision était confirmée, on peut en questionner les causes. De véritables raisons économiques, ou une simple opération de communication, plutôt démagogique ?
Une éventualité redoutée
Délocalisée à Strasbourg depuis 1991, l’Ecole Nationale d’Administration est aujourd’hui menacée. La suppression de l’ENA pourrait donc être décidée. Pour l’instant, la principale intéressée garde le silence sur cette éventualité. Pourtant, les responsables de l’ENA se demandent sans doute si Emmanuel Macron, issu de la promotion Senghor, entre 2002 et 2004, va vraiment faire ce choix. S’il était confirmé, cela entraînerait assurément une perte pour la capitale alsacienne. En effet, l’ENA contribue à son attractivité. Actuellement, en tant que grande école emblématique, elle fait partie des lieux d’intérêt touristique de la ville. Au même titre que le Conseil de l’Europe ou le Parlement européen. Sans l’ENA, la renommée de Strasbourg serait à coup sûr affaiblie.
Des critiques sévères
Aujourd’hui, l’ENA est durement critiquée pour ses caractéristiques trop élitistes. En raison de ses orientations, on reproche à cette école de produire des énarques déconnectés de la réalité. De plus, une majorité d’entre eux provient surtout de classes particulièrement favorisées. Par conséquent, ils ne seraient pas en phase avec le réel et les vrais besoins des Français. Une remise en cause, donc, de la légitimité de l’ENA. Une critique qui vient de loin. Déjà, à l’époque on surnommait la promotion du président Macron la « promotion rébellion ». De fait, ses élèves l’accusaient de ne pas y apprendre grand chose.
Une évolution possible
L’ENA pourrait bientôt être une école obsolète.Pour certains, plutôt que de supprimer l’ENA, il suffirait d’imposer à ses futurs élèves une dizaine d’année d’expérience professionnelle sur le terrain, avant qu’ils puissent l’intégrer. Ainsi, les énarques cesseraient d’être coupés de la vraie vie. De plus, les élèves pourraient ne plus accéder à des postes trop importants, juste après leur sortie. Les grands corps de l’Etat seraient alors dirigés seulement après plusieurs années passées dans la fonction publique. De cette manière, la mission de formation de l’ENA pourrait continuer. Simplement, elle intégrerait dans son cursus beaucoup plus de réalités concrètes.
Un rôle différent
Ce changement de cap pourrait éviter la suppression de l’ENA. Ainsi, cet établissement deviendrait alors plus transversal et plus opérationnel. De plus, la proximité géographique de Strasbourg avec les institutions européenne fait que cette ville reste légitime. Elle pourrait donc encore former de futurs dirigeants destinés à de hautes responsabilités. Fondée sur de nouvelles bases, l’Ecole Nationale d’Administration pourrait alors continuer à produire de nouveaux magistrats et des cadres supérieurs, mais différemment.
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