Pénibilité au travail : les syndicats refusent de céder
A cause du critère de la pénibilité au travail, les députés vont à nouveau devoir réexaminer le projet de la réforme des retraites. En effet, ce point reste un sujet de discorde majeur pour les partenaires sociaux.
Un argument de justice
La position des syndicats les plus sensibles à la pénibilité au travail est claire. Pour eux, « Un texte qui ignorerait la pénibilité au travail ne serait pas juste. » C’est ce qu’a récemment affirmé Laurent Berger, Secrétaire général de la CFDT, dans une récente intervention au Journal Télévisé. A son avis, les personnes qui effectuent un travail pénible, comme les égoutiers, « […] doivent partir plus tôt en retraite ». Or, sur cette question précise, les syndicats n’ont toujours pas obtenu de concessions de la part de l’exécutif. Ce, malgré d’âpres discussions, menées régulièrement à Matignon.
Des critères qui ne changent pas l’âge de départ
Actuellement, aucun compromis ne semble pouvoir aboutir. Pourtant, Edouard Philippe a promis « […] un véritable droit à la reconversion pour les populations exposées à toutes formes de pénibilité. » De plus, le Premier ministre a affirmé qu’une visite médicale systématique, faite à 55 ans, sera mise en place. Enfin, différentes aides financières devraient être accordées aux entreprises, pour atténuer la pénibilité de certaines tâches. Pour l’instant, quatre critères font débat entre le Gouvernement et les partenaires sociaux. A savoir, porter des charges lourdes, supporter des postures pénibles, subir de fortes vibrations mécaniques, et être exposé régulièrement à des risques chimiques. Or, malgré les débats en cours, ces quatre critères, même admis, ne permettent toujours pas aux salariés concernés de partir à la retraite plus tôt. Ainsi, ces quatre facteurs de pénibilité au travail ne modifient pas les caractéristiques de leur Compte Personnel de Prévention. En 2017, ce veto a été mis par le Gouvernement. Or depuis, il refuse de changer d’attitude.
Un dialogue stérile
Aujourd’hui, les organisations syndicales constatent qu’on leur oppose des avis très discordants. D’une part, elles ont apprécié que le MEDEF se dise prêt à prévenir la pénibilité au travail. Notamment, en proposant des reconversions. Mais d’autre part, les partenaires sociaux, dont Laurent Berger, ne comprennent pas que ce constat ne débouche sur aucune mesure « […] pour réparer les dégâts ». Donc, les syndicats ont l’impression que l’exécutif veut enterrer la notion de pénibilité au travail. De plus, les patrons jugent toujours qu’il est difficile de mesurer individuellement la pénibilité « ergonomique ». Ce qui n’arrange rien. A ce jour, alors que la conférence de financement des retraites doit se poursuivre jusqu’en avril, les syndicats craignent que les salariés n’obtiennent rien. Au final, ceux qui subissent des conditions de travail pénibles risqueraient même de travailler plus longtemps. Car en 2022, le Gouvernement pourrait imposer un nouvel âge-pivot. S’il juge que cela permettra d’équilibrer le futur financement des retraites. De quoi beaucoup inquiéter les syndicats.
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