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Les travailleurs français sont très productifs.

Les Français travaillent peu : une idée répandue mais fausse

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Les Français travaillent peu : par rapport à qui ?

Les Français travaillent peu, voire pas assez. Assurément, ce cliché tenace a la vie dure. Il a même été repris par le président Macron, au cours de sa récente conférence de presse. Ainsi, Emmanuel Macron a déclaré : « La France travaille en moyenne beaucoup moins que ses voisins ». Or, cette affirmation peut se discuter. En effet, elle dépend beaucoup des chiffres que l’on prend, comme points de départ.

Des calculs discutables

Contrairement à une réputation peu flatteuse, certains calculs démontreraient que les Français travaillent en fait au moins autant, voire plus, que leurs voisins. Par ailleurs, pour aller encore plus loin dans la contradiction, ils seraient même plus productifs que d’autres Européens. Alors, pourquoi cette assertion, selon laquelle « Les Français travaillent peu », perdure-t-elle ? Pourquoi revient-elle dans les discours de nombreux politiques, en plus de façon récurrente ? Parce que les chiffres sur lesquels on se base pour cette démonstration peuvent être interprétés différemment.

Une interprétation relative

Pour ses calculs, on sait que le président Macron s’est basé sur des chiffres datant de 2015. Ils ont été établis par un cabinet de recherches économiques. Non seulement ses données étaient anciennes, mais en plus, l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques, l’OCDE, a jugé qu’estimer le temps de travail annuel d’un pays pouvait être relatif. En effet, cela dépend des critères retenus. Notamment, celui d’inclure ou pas les travailleurs à temps partiel dans les calculs. Les résultats sont alors très différents. Par exemple, aux Pays-Bas, près de 50 % des travailleurs sont employés à temps partiel. Comparativement, en France, ils ne sont environ que 19 %. Pour des calculs équitables, il faudrait donc savoir qui on inclut dedans. Sinon, l’harmonisation et le décompte sont faussés.

Le fantasme des jours fériés

Les Français sont victimes de la réputation de peu travailler.

Une autre idée reçue est souvent accolée aux travailleurs français : celle qu’ils bénéficieraient sans arrêt de jours fériés. Cela les conduirait à être improductifs. Là encore, les chiffres connus en Europe infirment cette croyance, pourtant tenace. En réalité, nous profitons de onze jours fériés annuels. Cela nous place dans la moyenne pratiquée en Europe. Celle dont profite aussi les Luxembourgeois, les Suédois et les Finlandais. Par ailleurs, les Grecs, les Polonais et les Italiens ont même plus de jours off que nous. Pour être précis, ils jouissent respectivement de 14, 13 et 12 jours sans travail. Là encore, les Français sont injustement jugés.

Une productivité forte

Selon certains observateurs attentifs, économistes pour la plupart, l’une des raisons de notre fort taux de chômage est justement que les Français sont très productifs au travail. De fait, s’ils l’étaient moins, il y aurait moins de chômage sur notre territoire. Une idée qui se tient. En effet, pour effectuer la même quantité de tâches, les entreprises seraient alors contraintes d’embaucher plus de main d’oeuvre. Ce constat, qui va à contresens de l’image du Français peu travailleur, a d’ailleurs été soutenue par le très sérieux magazine britannique The Economist. Pourtant, celui-ci est connu pour son orientation clairement libérale. Ce célèbre hebdomadaire a même affirmé que les Français pourraient se permettre de travailler quatre jours par semaine. Le résultat serait alors qu’ils « […] produiraient encore davantage que les Britanniques en une semaine. » On ne peut être plus clair. Il faut donc relativiser la croyance selon laquelle les Français travaillent peu.

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Né à Blois le 22 novembre 1972, Thierry Dulac est un journaliste français. À tout juste 21 ans, il débute une carrière de journaliste à Londres sur la chaîne spécialisée en économie Bloomberg TV. Il rejoint BFM TV dès son lancement en 2005 et anime des émissions sur la chaîne d'info en continu de 2006 à 2009. On le voit ensuite sur iTélé, ancêtre de CNews, entre 2009 et 2011 date à laquelle il intègre le Bulletin des Communes qui lui confie la rubrique Environnement.