Feux de la colère : l’expression d’un ras-le-bol du monde agricole
Contre une stigmatisation dont ils se sentent victimes, des agriculteurs ont allumé des « feux de la colère » dans plusieurs villes de France. En cause, le projet de mise en place de zones de non-traitement avec des pesticides. En effet, cette interdiction pourrait réduire les surfaces cultivables de façon trop sévère.
La montée d’un malaise
Les premiers feux de la colère sont apparus ce lundi 23 septembre, en fin de journée. Ils ont été allumés par quelques centaines d’agriculteurs, suite à un appel de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) et des Jeunes Agriculteurs (JA). Ainsi, des foyers constitués de bottes de paille, de palettes et de souches d’arbres ont servi à exprimer l’exaspération d’une partie du monde agricole. En Ile-de-France, ces feux de la colère sont apparus dans trois endroits des Yvelines, deux du Val-d’Oise et sur un site dans l’Essonne. D’autres régions, dont la Marne et la Haute-Garonne, ont vécu les mêmes incendies. Une façon d’exprimer un ras-le-bol et un réel malaise, face au jugement négatif contre les épandages de pesticides. Pour certains agriculteurs, ce préjugé de l’opinion publique est vécu comme un acharnement. Désormais, il engendre une forme de désespoir. Sur chaque site incendié, un petit nombre d’exploitants a entretenu les foyers pendant la nuit.
La mesure de trop
En Essonne, Damien Greffin, le président de la FDSEA Ile-de-France, a expliqué que ces feux de la colère étaient une réaction du monde agricole contre une stigmatisation quotidienne. Pour certains, l’annonce d’une prochaine mise en place de zones de non-traitement pour protéger les populations de dangers potentiels a été la mesure de trop. Elle a poussé certains exploitants à exprimer leur exaspération. Ainsi, pour eux, cette future interdiction des épandages « […] a mis le feu aux poudres ».
Une méconnaissance du milieu agricole
Les feux de la colère allumés par certains agriculteurs expriment une forme de désespoir.Dans le Pas-de-Calais, près du tunnel sous la Manche, en plus des feux de la colère, des agriculteurs locaux ont rassemblé leurs tracteurs autour d’un rond-point. Toutefois, sans causer aucun blocage ni provoquer de heurts. Au contraire, certains manifestants ont expliqué que cette crise était due à « […] une méconnaissance du milieu agricole ». Par conséquent, ils invitent les gens opposés aux pesticides à « venir discuter dans les fermes ». Ainsi, l’éventualité de blocages pour se faire entendre a été écartée. Pour les manifestants qui étaient présents « […] ce n’est pas l’objectif ».
Un mouvement qui risque de durer
Selon plusieurs agriculteurs interrogés, ces incendies de la colère pourraient durer « toute la semaine ». En effet, le ressentiment et le sentiment d’incompréhension sont loins d’être calmés. D’ailleurs, certains exploitants n’ont pas hésité à déclarer « […] s’il faut continuer, le désespoir est tellement présent qu’on continuera. »
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