Évolution des retraites : patience est mère de sûreté
Pour le moment, pour instaurer une évolution des retraites, le Président Macron a choisi de négocier avec les partenaires sociaux. Par ailleurs, pour ne pas brusquer cette réforme très sensible, il souhaite d’abord mener une concertation citoyenne.
Un temps de négociation nécessaire
Historiquement, en France, toutes les tentatives de réformes et d’évolution des retraites ont été marquées par des tensions, voire des mouvements sociaux. Précédemment, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy en ont fait les frais. Pour parvenir aux changements annoncés dans les régimes de retraite, Emmanuel Macron ne veut rien brusquer. Ainsi, il veut ménager un temps de négociations qu’il estime nécessaire, en soulignant qu’actuellement « Rien n’est décidé ». Afin de ne pas heurter la CFDT, il ne veut pas pour l’instant insister sur la proposition clé du rapport remis par Jean-Paul Delevoye. A savoir, la mise en place d’un âge pivot à 64 ans, pour pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein. Ainsi, pour le moment, le scénario du haut-commissaire qui pilote la réforme n’est plus évoqué.
Edouard Philippe à l’unisson
Pour conforter cette attitude, Edouard Philippe a lui aussi adopté une ligne de conduite fondée sur l’écoute, le dialogue et la proximité. C’est le cap qu’il a maintenu lors des consultations du 5 et 6 septembre, avec les acteurs sociaux qu’il a rencontrés. A ce titre, le Premier ministre a même parlé d’une approche qui permettrait une « coconstruction », afin d’aboutir à une évolution consentie des retraites.
Calmer les syndicats
Après la longue crise des Gilets jaunes, le Président Macron ne veut plus être considéré comme un chef de l’Etat qui n’écoute personne. Ainsi, il veut gommer une image de nanti, considéré comme méprisant et coupé des réalités sociales. L’exécutif a donc décidé de miser sur une évolution des retraites progressive. De fait, après les élections municipales, elle ne sera appliquée qu’en 2025. Cette stratégie permet au Gouvernement de ménager la CFDT, qui est le seul syndicat à soutenir un système universel. De plus, celui permet à l’exécutif de freiner les revendications des syndicats contestataires, la CGT et FO.
Favoriser l’écoute
Pour instaurer une évolution des régimes de retraite, l’exécutif veut prendre son temps.Basée sur le même modèle que le précédent Grand Débat, une consultation citoyenne sur l’évolution des retraites sera bientôt lancée. Cette méthode aura l’avantage de favoriser l’écoute des différents points de vue. Cependant, au final, elle devra s’harmoniser avec les différentes options choisies par l’Elysée et Matignon, souvent divergentes. Cela promet des échanges difficiles.
Reculer pour mieux sauter ?
Malgré les précautions prises actuellement, la disparition des 42 anciens régimes de retraite causera forcément des tensions. De plus, cette évolution des retraites engendrera forcément des coûts. Quand le moment sera venu de rentrer dans le vif du sujet, Emmanuel Macron sera confronté à l’obligation de faire des choix. C’est là qu’on verra s’il parvient à sortir sans heurts d’une réforme réputée impossible.
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