Déficit de la Sécurité sociale : un espoir anéanti
Contrairement aux prévisions annoncées l’année dernière, le déficit de la Sécurité sociale s’est renforcé cette année. Ce constat va lourdement peser sur les orientations du budget 2020 du Gouvernement. Une première ébauche a été présentée, ce 30 septembre. Cette situation va sans doute repousser le redressement des comptes, qui était espéré pour la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron.
Des espoirs revus à la baisse
Dans les faits, le déficit de la Sécurité sociale a commencé juste après le vote du budget 2019. Donc, en décembre dernier. Normalement, cela aurait dû être la première fois qu’un bilan positif était atteint depuis 2001. Mais le mouvement social des Gilets jaunes a entraîné des « mesures d’urgence ». Or, elles se sont révélées coûteuses. Ainsi, l’exonération d’impôt et de cotisations sur les heures supplémentaires, plus la CSG réduite pour une partie des retraités, ont nettement modifié les résultats anticipés. D’ailleurs, très vite, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a tiré la sonnette d’alarme. Dès janvier, elle a prévenu que le retour à l’équilibre était « compromis » à cause de ces « mesures d’urgence ». Par ailleurs, les prévisions économiques du Gouvernement se sont révélées trop optimistes. Ainsi, la croissance escomptée et la progression de la masse salariale dans le pays ont moins prospéré que prévu. De fait, les recettes espérées n’ont pas été au rendez-vous. Résultat, la Commission des comptes de la Sécurité sociale a prévu cette année un déficit d’au moins 1,7 milliard d’euros. De plus, ce « trou » devrait bientôt atteindre les 4,4 milliards si l’Etat ne trouve pas un moyen de compenser ses largesses.
Un changement de cap obligatoire
Le constat d’un nouveau « trou » de la Sécurité sociale va entraîner une autre stratégie économique de l’exécutif.En raison de cette douche froide, une nouvelle « trajectoire » économique devrait donc être bientôt mise en place par le Gouvernement. Elle pourrait s’accompagner de mesures plus ou moins restrictives. Pour tempérer ces prévisions peu réjouissantes, Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, se contente pour l’instant de parler d’atteindre un « équilibre des comptes d’ici 2022 ». Un objectif qui devra s’accommoder d’une conjoncture incontestablement difficile. Surtout si l’exécutif doit à nouveau concéder de nouveaux avantages pour faire passer sa réforme des retraites. Un exercice si périlleux qu’il pourrait même annuler toute tentative de réforme.
Des mesures insuffisantes
Pour le moment, pour ne pas engendrer un trop fort mécontentement, le Gouvernement s’est abstenu de parler d’économies drastiques. Jusqu’à présent, il a juste annoncé une mesure qui touche la déduction forfaitaire spécifique. S’en prendre à cette niche sociale, qui réduisait les cotisations patronales dans les secteur du BTP, des médias et de l’aviation, devrait lui rapporter 400 millions d’euros. Mais cette rentrée restera insuffisante. De plus, même avec les augmentations prévues sur les prix des cigarettes et le déremboursement partiel de l’homéopathie, l’équilibre ne sera toujours pas atteint. Le déficit de la Sécurité sociale, ce fameux « trou » indésirable, reste donc une sérieuse épine dans le pied de l’exécutif.
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